De l’Antiquité au XXe siècle, le moulage du visage, mort ou vif, est une pratique aux résonances complexes dont Julius von Schlosser, dans un essai devenu classique, retrace l’histoire et décrit les enjeux.
Les moulages de cire ont à l’évidence une portée magique. On ne saisit pas, à même la peau, les traits d’un visage sans le déposséder de quelque chose, et la plupart des religions ne s’y sont pas trompées. Objets de méfiance ou, à l’inverse, pratiques ritualisées, les moulages ont une dimension démonique, que l’étymologie confirme opportunément quand on évoque l’envoûtement, dérivé du latin vultus qui, précise Schlosser, "désigne le visage aussi bien que l’apogée de la vie physique." Ancêtres de la photographie, que celle-ci supplanta, les masques de cire sont, comme elle, habités par la mort. En croisant dans son analyse les différentes dimensions, anthropologiques et esthétiques, de la question, Schlosser explore au plus près de leur origine des thèmes qui restent centraux dans les problématiques contemporaines. Car même si les portraits de cire font l’objet d’une extrême sophistication, dans la Vienne du XVIIIe siècle en particulier, et deviennent objets de collections réunis dans des cabinets ou des musées, les questions qu’ils soulèvent restent peu ou prou les mêmes. Usant avec une grande finesse des exemples que lui procure sa vaste érudition, Schlosser donnait, comme le souligne Édouard Pommier, dans cette étude publiée pour la première fois en 1911, "une vision synthétique des condition spirituelles, intellectuelles et sociales de la création artistique."
Julius Von Schlosser, Histoire du portrait en cire, traduit de l’allemand par Édouard Pommier, éditions Macula, 240 p., 180 F.
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Julius Von Schlosser : « Histoire du portrait en cire »
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°45 du 10 octobre 1997, avec le titre suivant : Julius Von Schlosser : « Histoire du portrait en cire »