Ses peintures montrent des fleurs qui sont l’origine du monde, des paysages et des déserts qui en expriment le mystère et les forces invisibles.
Elles donnent à voir des vues verticales de New York, des ossements, des ciels infinis. Étrangement, si Georgia O’Keeffe est reconnue et célébrée aux États-Unis, elle est absente des cimaises françaises. Et nulle biographie ne lui avait été consacrée dans la langue de Molière – peut-être éveillait-elle le soupçon parce qu’elle était femme, Américaine, peintre. Mais cette lacune dans nos bibliothèques est désormais comblée : en même temps que le Centre Pompidou lui rend hommage, paraît la première biographie française de Georgia O’Keeffe, sous la plume d’une historienne de l’art, Marie Garraut, tombée amoureuse de l’œuvre de cette artiste qu’elle a découverte sur ses terres natales, dans le Middle West. Il arrive qu’on se demande, à la lecture des vies d’artistes, s’ils ont été des êtres humains ou des dieux, ou du moins des héros de roman exaltés par le récit enflammé de leur biographe. On est souvent emporté, parfois agacé. Ce qui touche, dans cette biographie, est son humilité, son absence d’effet de manches. Certes, Georgia O’Keeffe en est l’héroïne : elle est cette fille d’immigrés, dont les premiers tableaux rencontrent le succès à New York dans les années 1920, en même temps que sa liaison avec Alfred Stieglitz fait scandale. Celui qui la photographie avec passion deviendra son mari, mais lui refusera de devenir mère. On se passionne pour cette femme qui conquiert sa liberté, quitte la ville pour les grands espaces du Nouveau-Mexique. En lui donnant régulièrement la parole, à travers sa correspondance, Marie Garraut nous donne avec délicatesse de mieux comprendre son âme et ses élans. Mais la beauté de cette biographie est sans doute de nous faire ressentir que le cœur de la vie de Georgia O’Keeffe se contemple plus qu’il ne se raconte : il est son art – ses fleurs et ses paysages qui disent le désir et l’ardeur, ou l’espace dont elle révèle l’air qu’on ne voyait pas et qui nous donne la vie.
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Georgia O’Keeffe, une icône américaine
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°748 du 1 novembre 2021, avec le titre suivant : Georgia O’Keeffe, une icône américaine