Folon, les affiches

Consacrer un livre aux affiches du dessinateur belge Jean-Michel Folon (1934-2005) peut surprendre, celui-ci ayant manifesté plus d’intérêt pour les couvertures des magazines (du Nouvel Observateur ou du New Yorker) ou des génériques d’Antenne 2, que pour la publicité – n’a-t-il pas cessé de dénoncer la société de consommation ? Il a pourtant réalisé plus de six cents affiches, certaines pour des publicités choisies (Apple, Cacharel…), mais aussi et surtout pour des spectacles, des films et des expositions dans les galeries et les musées (notamment les siennes), la culture étant majoritaire au sein de la production de l’artiste. Folon y intègre parfois son personnage fétiche, reconnaissable à son chapeau, mais fait toujours usage d’un esprit – d’aucuns parleraient d’un surréalisme – belge dans ses images (ou posters). Les dégradés de couleurs pastel et les typographies originales, parfois manuscrites, forment un vocabulaire unique et immédiatement reconnaissable. En 1996, Folon réalise ainsi une affiche d’une grande efficacité pour le comité international olympique. Avec une économie de moyens, elle montre une main lançant les anneaux olympiques à cinq autres mains que l’on imagine en train de se noyer. Au-dessus, cette accroche : « Le sport sauve. » « Une bonne affiche, c’est, pour l’œil, ce que le feu rouge est au conducteur, expliquait Folon dans un entretien de 1983 : une question de couleurs qui dit quelque chose de simple. Cela dit, je préfère les feux verts. » Entretien reproduit dans l’ouvrage.