Page 71. Pourquoi page 71 ? Parce qu’il faut bien commencer ou finir quelque part. Qui est Suzanne ? Que fait-elle ce jour-là aux Tuileries ? Où va-t-elle ? Qui est ce chien dans ses pas ? Le sien ? Qu’est donc cette lumière ? Qu’est-ce que ce mystère ? Que sont ces filtres, ces masques, ces faux flous... ? « Je sais pourtant depuis toujours qu’il n’y a pas de réponses. Il n’y a que des questions », écrit Robert Delpire en postface du livre qu’il édite, somptueuse monographie de Sarah Moon, intitulée Coïncidences. Fausses coïncidences, fausses confidences, tant il est vrai que tout balance ici entre ombre et lumière, entre lignes et fuite, entre apparition et disparition, entre éblouissement et éclipse... Revenons aux Tuileries et à la page 71. A quoi pense-t-elle, tête légèrement inclinée ? Pourquoi ces deux chaises, l’une ouverte, l’autre pliée ? Va-t-elle rejoindre ou vient-elle de quitter un homme aimé ? Pourquoi tant de grâce, de tristesse et d’espoir mêlés ? Pourquoi elle et pourquoi nous avec elle, traversant le miroir, tous les miroirs, ceux de Lewis Carroll et de Jean Cocteau ? Dans sa préface, Sarah Moon cite Céline : « Le mensonge, c’est un rêve pris sur le fait ». Les photos de Sarah Moon ne sont en rien des mensonges. Plutôt des jeux de masques, d’énigmatiques invitations à d’étranges voyages. D’une beauté singulière, insaisissable, absolue.
- Coïncidences, photos de Sarah Moon, textes de Ilona Suschitsky, Claude Eveno, Robert Delpire, éd. Delpire, 288 p., 51,83 €
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Coïncidences
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°533 du 1 février 2002, avec le titre suivant : Coïncidences