Par son titre, on comprend que le passionnant ouvrage de Stoichita ne se veut pas une somme sur
la question de l’ombre dont l’histoire irait de l’Antiquité à nos jours. Lire sur ce sujet Michael Baxandall, Ombres et lumières et E. H. Gombrich, Ombres portées, parus aux éditions Gallimard. Si Stoichita s’est bien intéressé à cette périodisation, ce n’est pas pour répertorier toutes les occurrences iconographiques, philosophiques ou littéraires de l’ombre, mais pour dégager les lignes de force de ses enjeux esthétiques. L’analyse de Stoichita porte donc sur une modalité de l’ombre qui resurgit à travers les époques et les pratiques des artistes, et qui n’est autre que la dialectique entre la présence du corps et son absence : « à l’absence du corps répond la présence de sa projection ». En effet, l’ombre tient lieu parfois de présence pour le corps absent dans la représentation, mais non dans son espace que l’on suppose réel, puisque l’ombre est le résultat de la présence d’un corps existant. Ainsi, de la première légende sur l’ombre comme mythe fondateur de la peinture – une jeune fille circonscrit sur le mur l’ombre du profil de son amant qui va partir – aux œuvres de Brancusi, Duchamp, De Chirico, Warhol ou Boltanski, l’hypothèse de Stoichita se vérifie : l’ombre est une autre manière d’incorporer la peinture, la sculpture, la photographie ou le cinéma.
- Victor I. Stoichita, Brève histoire de l’ombre, éd. Droz, 300 p., 140 F.
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Brève histoire de l’ombre
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°527 du 1 juin 2001, avec le titre suivant : Brève histoire de l’ombre