Histoire - Livre

Biographie : François Ier taillé en pièces !

Par Isabelle Manca · L'ŒIL

Le 23 juin 2015 - 342 mots

Dans son livre, Franck Ferrand dresse un réquisitoire sanglant et sans nuance de l’action du roi de France.

C'est ce qu’il est convenu d’appeler un portrait au vitriol. Dans son essai biographique sur François Ier, Franck Ferrand prend un plaisir presque sadique à tailler en pièces l’icône. L’image du roi débonnaire et charismatique en prend pour son grade. C’est un personnage surestimé que l’on rencontre au fil des pages, un jouisseur inconséquent, un stratège calamiteux et un père indigne qui laisse croupir ses enfants dans une geôle à sa place. Bref un sale type. Manipulé par les femmes, à commencer par une mère abusive au possible, il préfère chasser les bêtes sauvages et les donzelles que gouverner.

Une lecture pas si neuve de l’histoire
Avec le talent de conteur qu’on lui connaît, l’auteur dresse un réquisitoire sanglant où tous ses faits d’armes traditionnellement admis sont démontés. Si on lui sait gré d’élever une des rares voix dissonantes dans le concert de louanges actuel et d’agiter le débat, on ne peut que déplorer son manque de nuance. Au final, il troque l’hagiographie habituelle pour la légende sombre, pas si nouvelle que cela au demeurant. Nombre de ses arguments ont en réalité cours depuis le XIXe. En pleine Restauration, les souverains ont cherché dans l’Ancien Régime des figures capables de concurrencer Napoléon dans le cœur des Français. François Ier est alors propulsé héros national. En réaction, des historiens se focalisent exclusivement sur les facettes moins reluisantes du monarque. Les conclusions de Franck Ferrand sont tout aussi lapidaires. Notamment sur l’exercice du pouvoir et la vanité qu’il prête au souverain dans son ambition artistique. Il préfère insister sur le coût d’une telle entreprise et lui reproche de n’avoir construit que des édifices à sa gloire. « Pas ou très peu, dans tout cela de monuments publics ou de projets d’urbanisme ; essentiellement des réalisations de confort et d’embellissement, tournées vers ses propres résidences. » Une analyse anachronique qui fait passer volontairement sous silence un des grands chantiers du règne : l’hôtel de ville de Paris. 

Franck Ferrand, François Ier, roi de chimères, Flammarion, 237 p., 19,90 €.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°681 du 1 juillet 2015, avec le titre suivant : Biographie : François Ier taillé en pièces !

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