PARIS
Chaque jeudi, à 8 h 15 et 8 h 45, « Les Matins Jazz », l’émission de Laure Albernhe et Mathieu Beaudou, invitent L’Œil et Le Journal des arts à parler d’art sur l’antenne de TSF Jazz. Le 28 février 2019, Jean Christophe Castelain, rédacteur en chef du Journal des Arts, revenait sur l’annulation d’une exposition de Guillaume Verda dont les œuvres ressemblaient un peu trop à celles de Basquiat.
Chronique à réécouter ici dans son intégralité ou à lire ci-après :
Alors Jean-Christophe, vous allez l’air très remonté ce matin, vous allez nous parler d’une campagne sur Twitter contre un artiste qui a abouti à la fermeture d’une exposition.
Oui cela s’appelle de la censure. Au début j’ai regardé cela avec amusement, et puis en lisant les Tweet j’ai vraiment été effaré.
Alors de quoi s’agit-il.
Un artiste français du nom de Guillaume Verda devait exposer ses peintures dans une galerie parisienne la semaine dernière.
Il se trouve que sa peinture ressemble beaucoup à la peinture de Basquiat, et que Verda ne veut pas l’admettre.
Ici, je dois dire aux auditeurs que l’histoire de l’art est remplie d’artistes qui s’inspirent du travail d’autres artistes et qui ne le reconnaissent pas.
Le phénomène est encore plus important aujourd’hui avec des centaines de milliers d’artistes dans le monde qui veulent vivre de leur art. Et je ne parle pas des peintres amateurs. Il faudrait alors compter en millions.
Alors avec autant d’artistes vous imaginez bien que beaucoup d’œuvres se ressemblent.
Je dis cela pour bien comprendre le délire inquiétant dans lequel on est tombé.
Comment cela a-t-il démarré ?
Tout est parti d’un internaute sur Tweeter – courageux mais pas téméraire – qui a véritablement mené une charge, pour des motifs communautaristes contre cet artiste en lui reprochant de s’approprier le travail de Basquiat et de vouloir gagner de l’argent avec. Il a publié des dizaines de Tweets vengeurs sur le sujet qui ont alimenté une discussion à laquelle se sont joint des dizaines d’autres internautes.
Et comme on le voit trop souvent sur les réseaux sociaux, toute une meute enragée s’est acharnée sur ce pauvre artiste dont le seul tort est de faire des tableaux qui ressemblent à des tableaux de Basquiat. Il y a même un internaute qui a écrit : « Des têtes doivent tomber ».
Les tweets étaient si menaçants que la galerie a préféré annuler l’exposition.
Pour terminer sur une note plus souriante, j’ai relevé un Tweet très amusant que j’ai envie de vous raconter. Il se trouve qu’il y a quelques jours, on a appris que des enfants avaient endommagé un tableau de Basquiat qui était accroché dans le Yacht de leurs parents. Eh bien un internaute a retweeté l’info en demandant si ce n’était pas plutôt un tableau de Guillaume Verda qui avait été endommagé !
