America

À la Renaissance, les peintres allaient se promener en Italie et peignaient des portraits en chemin... La démarche d’Andres Serrano est similaire mais avec le support d’aujourd’hui : la photographie. Bouleversé par le 11 Septembre, l’artiste américain s’est posé une simple question : Qui, les terroristes, pensaient-ils attaquer en déclarant ainsi la guerre à l’Amérique ? Quelle Amérique ? Qui sont les Américains ? Le photographe est donc parti durant trois ans à la recherche des Américains. Son livre, America, s’ouvre sur un scout, Anna Nicole Smith, mannequin, le clôture. Une centaine de personnes habitant les États-Unis ont ainsi défilé dans le studio de Serrano, avec, à chaque fois, un fond de couleur, le plus souvent clinquant. Des tableaux parfaitement mis en scène et composés : on peut y croiser une mère de famille au chômage, un néonazi, un banquier, un souteneur, un prêtre russe orthodoxe, un séropositif, un esclave, un politicien, un cow-boy, un métallurgiste… Au détour des pages, le lecteur peut croiser quelques célébrités de l’Amérique comme Yoko Ono, Larry Flint, Arthur Miller ou Robert Altman On peut y voir ainsi selon son humeur : une galerie de portraits, un documentaire (chaque modèle est légendé méticuleusement) ou un réquisitoire implacable sur ce qu’est devenu l’Amérique : un pays où tout le monde porte l’uniforme. À ce travail inédit sont aussi réunies les principales séries de l’artiste comme The Morgue, The Immersions avec la série des Piss Christ qui ont fait scandale, The Nomads, photographies de sans-abri en studio, Interpretation of Dreams ou The Church. Une œuvre complète (il manque toutefois la série des Big Women) jusqu’ici disséminée dans de nombreux catalogues le plus souvent épuisés.