« 50 ans dans l’œil de “Libération”, » un livre et une exposition

Libération mène, depuis sa création en 1973, une politique photo à nulle autre pareille. Au début des années 1980, sous l’impulsion de Christian Caujolle, elle se définit avec pour mot d’ordre « de casser les codes », et de passer commande à des photographes d’horizons divers, choisis pour leurs écritures singulières ou utilisés à contre-emploi, tel William Klein commandité pour couvrir la visite du pape à Lourdes.

Pour les 50 ans du journal, Lionel Charrier, directeur photo du quotidien, et Charlotte Rotman, ancienne journaliste de Libé, ont mené un travail de fond dans les archives du quotidien. « Le livre s’est imposé d’abord, l’exposition ensuite et sur le même principe chronologique de raconter, décennie par décennie, 50 ans d’histoire dans l’œil des photographes de “Libération” », raconte Lionel Charrier. Coproduite par le journal et les Rencontres d’Arles, l’exposition a été présentée une première fois l’été dernier, à l’abbaye de Montmajour pour la 26e édition du festival. Elle s’est classée parmi ses expositions les plus visitées avec 40 000 visiteurs. Présentée aujourd’hui à Paris, dans le cadre de la donation du journal de 500 000 tirages aux Archives nationales, elle rencontre un très bon accueil. Si le musée ne peut pas avancer de chiffres de fréquentation, compte tenu de l’accès libre à l’hôtel de Soubise, on relève un niveau plus important de visiteurs que d’habitude ; l’édition du livre, tiré à 15 000 exemplaires, frôle, lui, avant Noël, les 13 000 ventes.

« En rentrant dans les Archives nationales, les photographies de “Libération” opèrent une mutation de la temporalité journalistique dans le temps long de l’histoire », soulignait Bruno Ricard, directeur des Archives nationales, lors de la signature de la convention de donation, le 10 novembre dernier. Elles ne sont pas les premières. Parmi les 32 autres fonds de photos de presse conservés, la donation du Monde, en 2020, compte aussi parmi les plus importantes. Mais ses 120 mètres linéaires, bien que conséquents, sont loin des 400 mètres linéaires occupés par le fonds de Libé.