Super-star du rock, producteur, acteur, artiste multimédia, David Bowie ajoute une nouvelle corde à son arc avec le lancement de \"21\", sa maison d’édition de livres d’art. Avec Bernard Jacobson, propriétaire d’une galerie londonnienne, Tim Sainsbury, ancien député conservateur, et Karen Wright, directrice de la revue Modern Painters, David Bowie a l’ambition de faire entrer l’édition d’art dans le XXIe siècle, d’où le nom de \"21\".
Avec "21", David Bowie découvre un nouveau métier, celui d’éditeur de livres d’art. Sa première publication sera l’ouvrage de Matthew Collings, périple irrévérencieux dans le monde de l’art contemporain au titre trivial de Blimey ! From Bohemia to Britpop : the London art world from Francis Bacon to Damien Hirst (Et mince alors ! De la bohème à la pop anglaise : le monde artistique londonnien de Francis Bacon à Damien Hirst). Ce livre fait d’impressions et d’anecdoctes se lit comme un journal divertissant, au gré des descriptions très personnelles que fait Collings des artistes qui défraient la chronique dans les quartiers pauvres de Hackney et Hoxton, dans l’East End. Vendu un peu moins de 20 livres (190 francs), il est illustré de portraits en couleur d’artistes, de conservateurs, de critiques par le photographe Ian MacMillan, et de reproductions des œuvres d’art. David Bowie s’intéresse depuis longtemps à l’art moderne, à la fois comme acheteur – c’est l’un des meilleurs clients de Bernard Jacobson – et comme créateur. En 1995, il a organisé sa première exposition individuelle : ses travaux les plus récents, une série de motifs de papier peint conçus sur ordinateur pour Laura Ashley, y côtoyaient les portraits expressionnistes de ses amis de longue date, dont le chanteur Iggy Pop. David Bowie a toujours innové. À cinquante ans, il est encore prêt à intégrer les techniques les plus récentes de la "dance-music" dans ses propres enregistrements ou à s’enthousiasmer sur les possibilités créatives des technologies digitales ou multimédias. Réussir dans le monde de l’édition peut se révéler un objectif plus aléatoire, tout comme son ambition avouée de secouer la frilosité éditoriale de la revue Modern Painters grâce à sa participation au comité de rédaction. En tout cas, la détermination de David Bowie à laisser son empreinte dans le monde de l’art contemporain ne fait aucun doute, et il doit probablement s’étonner de n’être pas mentionné dans le livre de Matthew Collings... Lors de la soirée de lancement du livre dans un night-club londonnien, David Bowie a prononcé un discours haut en couleurs et lu certains passages de l’ouvrage. Il a quitté un moment ses invités pour répondre à deux questions de The Art Newspaper.
En quoi un nouvel éditeur de livres d’art est-il nécessaire en ce moment, et qu’apportera de différent "21" ?
David Bowie : Nous n’avons pas vraiment de ligne éditoriale définie, ce qui, à mon avis, laisse la porte ouverte à tous les projets. J’aimerais publier des auteurs de romans, et Bernard Jacobson des auteurs américains, afin de nous différencier de ces petites maisons d’édition chauvines, axées sur l’élite des artistes anglais... Cela pourrait très bien fonctionner sans tomber dans le piège de la spécialité et évoluer vers un certain style.
Quel sera votre rôle ? Les gens associent le nom de David Bowie à l’idée d’innovation et d’expérimentation, alors pourquoi vous adonner à ce vieux métier de l’édition ?
D. B : En fait, Matthew Collings n’est qu’un prête-nom, c’est moi le véritable auteur du livre (rires). Non, je m’intéresse véritablement à toutes les facettes de notre culture, et beaucoup de jeunes auteurs m’envoient leur production. J’ai ainsi l’avantage de recevoir quelques très bons manuscrits.
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« 21 », pour (le) XXIe siècle
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°41 du 4 juillet 1997, avec le titre suivant : « 21 », pour (le) XXIe siècle