LONDRES (ROYAUME-UNI) [07.02.14] - Christie’s en tête, les grandes ventes londoniennes d’art impressionniste et moderne ont établi un nouveau record à 409 millions d’euros, confirmant tant la santé que la sélectivité du secteur.
Londres donne traditionnellement le coup d’envoi des grandes ventes de l’année avec des vacations d’art impressionniste et moderne très prometteuses. Les résultats 2014 sont bien au-delà des espérances, Christie’s et Sotheby’s ayant chacune réalisé leur plus haute vente de tous les temps dans la capitale britannique.
Le total cumulé des adjudications des deux maisons a atteint 340 millions de livres (1) pour les ventes du soir, un bond de 30% par rapport à 2013, chiffre lui-même en hausse de 30 % par rapport à 2012 ! Un constat s’impose alors que les deux maisons avaient toutes deux misé sur de très belles collections sans pousser les prix. « Lorsque vous présentez des collections fraîches sur le marché, en bon état, avec des estimations raisonnables, le succès est là » explique Olivier Camu, vice-président du département art impressionniste et moderne chez Christie’s. « Ce marché où les chefs-d’œuvre se raréfient est de plus en plus fort et il n’y a jamais eu autant d’enchérisseurs » indique de son côté Aurélie Vandevoorde, directrice du département art impressionniste et moderne de Paris chez Sotheby’s. De fait, chacun note la présence de nouveaux acheteurs, avec des provenances géographiques de plus en plus diversifiées, en particulier d’Asie.
Malgré l'absence des Miro
C’est à nouveau Christie’s qui dame le pion à sa rivale, mais moins que ce qui était prévu : grâce à un résultat de 176 millions de livres pour ses ventes du soir, la maison a dépassé son estimation, malgré l’annulation en dernière minute de la vente controversée des 85 Miró (25 pour la vacation du soir) du gouvernement portugais après une procédure judiciaire de députés socialistes du pays. Si l’on pouvait douter de la capacité du marché à accueillir autant d’œuvres de l’artiste espagnol en deux jours, Olivier Camu rétorque : « 85 Miró d’un coup pouvait paraître excessif, mais nous avons constaté beaucoup d’intérêt du monde entier et nous pensons que la vente aurait été très solide. »
Dans la vente du soir, se détachait la collection d’un couple suisse anonyme, des œuvres jamais vues sur le marché, dont la majeure partie avait été acquises auprès des artistes eux-mêmes. Une Nature morte à la nappe à carreaux de Juan Gris, vendue 34,8 millions de livres, près du double de son estimation, a permis d’établir un nouveau record pour l’artiste et pour une œuvre cubiste. « Nous atteignons les prix de l’art d’après-guerre américain » se réjouit Olivier Camu. De la même collection, on note les belles performances d’une composition bleue et jaune de Mondrian (12,4 millions de livres), d’un dense Fernand Léger (12 millions de livres) ou du sombre Magritte Les chasseurs de la nuit (6,6 millions de livres). Carlo Carrà a quant à établi un record personnel avec Solitude (3 million de livres) tandis qu’un portrait de Jacqueline Roque de Picasso s’est vendu sans excès (16,8 millions de livres).
De son côté, Sotheby’s a totalisé 163,5 millions de livres pour sa vente du soir, largement au-delà de l’estimation. Très attendu, Boulevard Montmartre, matinée de printemps de Camille Pissarro a permis d’établir un nouveau record pour l’artiste aux enchères, avec un prix de 19,6 millions de livres, plus du double de son estimation. Issue de la série iconique des boulevards, l’œuvre appartenait à l’industriel Max Silberberg. « Il s’agit d’un grand tableau impressionniste, peut-être le plus beau Pissarro passé en ventes publiques de tous les temps, la plupart étant dans les musées » commente Aurélie Vandevoorde. Egalement sous le feu des projecteurs, la collection du marchand genevois Jan Krugier a fait un véritable carton, contrairement à la dispersion de son stock chez Christie’s en novembre dernier. « Le concept est très différent : il s’agissait de sa collection privée, établie en fonction de ses goûts personnels et de son œil très rare, dans une vraie cohérence et avec des estimations raisonnables » précise la spécialiste. De la collection de ce grand amateur de papier se sont distingués une Composition de Picasso (10,4 millions de livres), record pour un dessin de l’artiste ou un petit bronze de Giacometti (8,5 millions de livres). S’est également vendu le double de son estimation le paisible L’homme est en mer de Van Gogh (16,9 millions de livres) tandis que Kay Sage s’est arraché à 4,3 millions de livres (est. 70 000-80 000 £).
L’année débute sous les meilleurs auspices pour le segment supérieur du marché de l’art.
(1) Tous les prix sont frais compris, sauf indication différente
LE 4 FÉVRIER
Estimation : 112-162,9 M£ / 134,5-195,7 M€ (Hors frais)
Total : 176,9 M£ / 212,5 M€
Nombre de lots vendus : 65 sur 76
Taux de vente : 86 %
LE 5 FÉVRIER
Estimation : 93-132 M£ / 112,7 à 160 M€ (Hors frais)
Total : 163,5 M£ / 196,4 M€
Nombre de lots vendus : 79 sur 89
Taux de vente : 89 %
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Médaille d’or pour les grandes ventes de Londres
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Abonnez-vous dès 1 €Juan Gris (1887-1927) - Nature morte à la nappe à carreaux (1915) - Huile sur toile - 116,5 x 89,3 cm - Estimation 12 000 000 / 18 000 000 £ - Adjugé 34 800 000 £ - vente du 4 février 2014 - Christie's Londres - © Photo Christie's Images Limited 2014
Camille Pissarro (1831-1903) - Le boulevard Montmartre, matinée de printemps (1897) - Huile sur toile - 65 x 81 cm - Estimation 7 000 000 / 10 000 000 £ - Adjugé 19 682 500 £ (23 650 432 €) - Vente du 5 février 2014 - Sotheby's Londres - © Photo Sotheby's