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Wolfgang Tillmans sur cimaises

Par Christine Coste · Le Journal des Arts

Le 26 mai 2021 - 507 mots

PARIS

La galerie Chantal Crousel présente la quatrième exposition en ses murs du photographe allemand qui sort des cadres habituels.

Paris. Les expositions de Wolfgang Tillmans, en musée ou en galerie, sont toujours un récit visuel sur la manière dont il regarde le monde. « Lumière du matin » à la galerie Chantal Crousel, titre donné par l’auteur lui-même en français, poursuit cette démarche. L’artiste allemand signe de nouveau des photographies pleines de sensibilité et d’émotions. Aucun cartel dans les deux espaces de la galerie n’indique la temporalité ou le sujet des œuvres. Comme de coutume, sa sélection mêle les époques, les propos et les genres bien que l’on ait du mal à employer ce terme pour Tillmans tant ses images constituent un vaste corpus lexical de formes photographiques et de réflexions dans lequel il puise avant de les organiser sur les murs de la galerie.

Portraits, paysages, natures mortes ou abstractions de la série « Silver », réalisés entre 1990 et aujourd’hui, se déclinent tout d’abord. On y croise des hommes, ou des femmes, posant souvent seuls devant l’objectif, une colonne de béton coulée dans le sol, la courbe délicate d’une tulipe sous la lumière d’un jour éblouissant ou un haut de sweat-shirt noir maculé d’une trace de sueur.

Dans l’autre espace de la galerie, un monochrome bleu laisse imaginer un bassin de piscine tandis que la courbe d’un dos avec une peau constellée de grains de beauté dialogue avec une photographie de la grande conjonction de Jupiter et de Saturne, du 21 décembre dernier. Les formats et les présentations des tirages diffèrent, y compris pour la même image. À l’alignement traditionnel de photographies, Tillmans a toujours préféré une composition éclatée sans hiérarchie de valeurs.

Du livre à l’exposition

Pour lui, les livres ou les expositions sont des créations de mise en page ou « mise au mur ». Leur rythme propre et intuitif guide Tillmans dans un accrochage où les images puissent autant se suffire à elles-mêmes que résonner entre elles. Le livre est d’ailleurs souvent un des composants de l’accrochage. « Lumière du matin » intègre ainsi des doubles pages de son livre Wako Book 6, publié en 2020 avec la galerie et maison d’édition japonaise Wako Works of Art, lors de son exposition « How does it feel ? », organisée dans les espaces de l’enseigne à Tokyo, en novembre et décembre derniers. L’extrait de ce journal photographique retrace l’année 2020 de l’artiste. Il montre les divers sujets qui intéressent Tillmans, en particulier la politique et les conséquences de la crise sanitaire sur les relations sociales.

Tillmans n’a jamais voulu que l’on interprète ses photographies à travers sa propre histoire ou ses positions sur les sujets d’actualité. Pourtant, on ne peut s’en empêcher devant ces pages et les autres photographies, comme son autoportrait à l’hôpital, ou le grand format de Concrete Column, une colonne de béton faisant écho aux travaux entrepris pour l’extension du Between Bridge, l’espace d’exposition non commercial et de débats créé par l’artiste, à Londres, puis à Berlin. Les prix des œuvres exposées varient entre 12 000 et 250 000 euros.

Wolfgang Tillmans. Lumière du matin,
jusqu’au 12 juin, galerie Chantal Crousel, 10, rue Charlot, 75003 Paris.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°568 du 28 mai 2021, avec le titre suivant : Wolfgang Tillmans sur cimaises

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