PARIS
Une petite partie de la bibliothèque de l'ancien président François Mitterrand, rassemblant plus d'un millier d'ouvrages de littérature du XXe siècle, sera dispersée aux enchères lundi et mardi à Paris.
Au total, 683 lots pour une valeur estimée de 450.000 euros seront mis à l'encan par la maison de vente Piasa. Ce fonds d'ouvrages modernes, en édition originale pour la plupart, appartenait, depuis la mort de l'ancien chef de l'État, au fils cadet de François Mitterrand, Gilbert.
A la lecture du catalogue de la maison de vente, on a la confirmation de l'attrait de l'ancien président socialiste pour les écrivains "de droite". On trouve ainsi un exemplaire original datant de 1937 de "Comme le temps passe" de Robert Brasillach (estimé entre 5.000 et 8.000 euros) ou encore la première édition de "La colline inspirée" de Maurice Barrès (800-1.200 euros). Au total, une quinzaine d'ouvrages de Barrès sont proposés à la vente. Un deuxième exemplaire de l'édition originale de "Comme le temps passe" de Brasillach est également mis aux enchères avec une reliure réalisée par Danielle Mitterrand (2.000-3.000 euros).
"François Mitterrand a été bibliophile. Il aimait les exemplaires sur grands papiers et les reliures. Il était connu pour arpenter les librairies et dévorer les catalogues de libraires. Il s'échappait ainsi des dures réalités politiques par ses fameuses promenades littéraires dans le Quartier Latin. C'était l'une de ses parts les plus secrètes, la source spirituelle de son action", rappelle le libraire Jean-Baptiste de Proyart, expert de cette vente.
Considéré comme l'un des écrivains préférés de l'ancien président, Jacques Chardonne occupe une place de choix dans sa bibliothèque. "A François Mitterrand souvenir d'un compatriote" écrit Chardonne dans l'exemplaire de "Lettres à Roger Nimier" mis aux enchères (2.000-3.000 euros). Les deux hommes étaient originaires de Charente.
Parmi les clous de la vente, on trouve un exemplaire des "Justes" d'Albert Camus (5.000-8.000 euros) que le futur prix Nobel de littérature adresse "à Monsieur le ministre de l'Intérieur... en souvenir d'une juste cause". François Mitterrand avait été nommé ministre de l'Intérieur par Pierre Mendès France en 1954. La "juste cause" évoqué par Camus rappelle les liens tissés entre les deux hommes dans la Résistance sous l'occupation nazie.
Réunis également pendant la Seconde Guerre mondiale François Mitterrand et Marguerite Duras restèrent toujours proches. Dans l'exemplaire original de "L'amant de la Chine du nord" mis en vente (8.000-12.000 euros), l'écrivaine écrit: "toujours avec la même amitié, totale, pareille, vous le savez". On ne peut s'empêcher de sourire en découvrant la dédicace que François Mauriac adresse à François Mitterrand pour son "De Gaulle" (3.000-5.000 euros). L'écrivain gaulliste écrit à celui qui fut son principal opposant: "A François Mitterrand qui ne sera pas d'accord bien sûr".
Parmi les lots les plus émouvants figure l'exemplaire original (et très
abîmé) de "Terre des hommes" d'Antoine de Saint Exupéry (4.000-6.000 euros). Cet exemplaire est celui que le jeune Mitterrand avait avec lui en captivité en 1940 et qu'il emporta dans sa poche lors de son évasion de son Stalag en Allemagne.
Cet article a été publié par l'AFP le 24 octobre 2018.
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Une petite partie de la bibliothèque de François Mitterrand mise aux enchères
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