En dépit du grand nombre d’artistes présentés dans les trois foires Art Basel, certains d’entre eux bénéficient d’une surexposition.
Diversité. Les foires sont plébiscitées par un large public qui trouve présenté en un même lieu un panorama de la création artistique contemporaine. L’étude des propositions faites par les galeries allemandes, britanniques, françaises et suisses dans les différentes foires Art Basel 2017, à Bâle, Miami et Hongkong, augure en première lecture d’une grande diversité.
Pas moins de 69 nationalités différentes sont représentées à Art Basel sur les stands des galeries issues de notre échantillon, 53 nationalités à Hong Kong et 58 à Miami. Bien que l’éventail des artistes retenus par les galeries européennes étudiées soit très large, nombreux sont les pays à n’être représentés que par un seul artiste. Certaines nationalités se retrouvent plus fréquemment et, au final, seule une dizaine de pays émerge véritablement. Les galeries européennes privilégient les artistes américains, ceux-ci arrivent en tête dans les trois foires, avec un contingent plus élevé à Miami (29 %). Viennent ensuite les artistes allemands ; la proportion de Britanniques et de Français, similaire, se situe aux alentours de 8 %. Le reste des propositions des galeries issues des quatre pays étudiés varie selon les foires, avec une stratégie plutôt orientée vers des artistes européens à Bâle, asiatiques à Hong Kong et latino-américains à Miami. Au-delà des nationalités, c’est le nombre d’artistes exposés qui frappe. Sur la Foire de Bâle, et sur les stands issus des galeries des quatre pays européens étudiés, le visiteur se trouve confronté à quelque 750 artistes différents, 350 environ à Hong Kong et un peu plus de 450 à Miami. Détail à ne pas négliger, sur l’ensemble des foires, trois artistes sur quatre ne voient accrochée qu’une seule de leurs œuvres sur le stand de la galerie. La foire est avant tout un lieu marchand et il s’agit de rentabiliser la location du stand en présentant le plus grand nombre d’artistes.
Pourtant, en dépit de ce foisonnement, une impression de déjà-vu peut parfois dominer. Comment l’expliquer ? Un petit noyau d’artistes bénéficient d’une visibilité plus élevée : ils sont soutenus par plusieurs galeristes, et au sein d’une même foire sont présentés sur plusieurs stands. À Bâle, ils sont ainsi une centaine d’artistes à apparaître sur deux, trois voire quatre stands au regard de l’échantillon, constitué des enseignes allemandes, britanniques, françaises et suisses. Au fur et à mesure que le nombre de stands s’étend, le nombre d’élus se réduit, ils ne sont plus que quatre à bénéficier de quatre stands (Not Vital, Sigmar Polke, Sol LeWitt, et Thomas Schütte). À Hong Kong et Miami, le phénomène revêt une moindre ampleur, du fait de la taille réduite de la foire. Certaines galeries sont championnes du partage d’artistes, et de nombreux artistes présents sur leur stand se retrouvent sur d’autres. À Bâle, dans notre échantillon, on décompte une dizaine de galeries qui ont entre cinq et dix artistes proposés sur le stand d’une ou de plusieurs autres galeries. Ce sont le plus souvent des galeries fortement internationalisées ayant une implantation dans les pays étudiés (Thaddaeus Ropac, Lévy Gorvy, Pace, Karsten Greve). À Hong Kong et Miami, les données relatives au « partage d’artistes » sont un peu moins élevées, sans doute en raison ici encore de la taille plus réduite de ces foires.
L’impression de déjà-vu découle également du fait que la redondance ne s’opère pas seulement de stand en stand mais aussi de foire en foire. C’est ainsi qu’environ un quart des artistes sont présents dans deux foires sur trois, et un peu moins de 10 % à la fois à Bâle, Hong Kong et Miami. Ces artistes qui bénéficient d’une visibilité élevée appartiennent pour la majorité d’entre eux aux pays actifs sur le marché de l’art : on retrouve ainsi, en 2017, 23 Américains, 17 Allemands, 8 Français, 7 Britanniques et 7 Suisses. Les artistes chinois (5) et japonais sont également bien représentés (6). Il s’agit d’artistes plutôt âgés, quasiment 40 % d’entre eux ont plus de 70 ans. Cependant les jeunes ne sont pas absents et une petite fraction du groupe (12 %) a moins de 40 ans. Nombre de ces artistes sont représentés par les galeries fortement internationalisées de l’échantillon. Celles-ci ne semblent pas se satisfaire de leurs filiales pour pénétrer les marchés étrangers, affichant en parallèle des taux élevés de participation aux trois foires. Plus des deux tiers des galeries fortement internationalisées (ayant des implantations dans au moins trois pays) participaient ainsi aux trois Art Basel en 2017. Si les galeries moins internationalisées ont théoriquement plus à gagner d’une participation à une foire internationale, celle-ci pouvant leur permettre d’atteindre une nouvelle clientèle, en pratique les modes de sélection comme les coûts de participation ne jouent pas nécessairement en leur faveur.
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Une diversité artistique en trompe l’œil
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°503 du 8 juin 2018, avec le titre suivant : Une diversité artistique en trompe l’œil