La Vierge de Darmstadt, peinte par Holbein le Jeune, un chef-d’œuvre de la Renaissance allemande appartenant au prince Donatus de Hesse, vient de réapparaître sur le marché. Le tableau ne pourra cependant pas sortir d’Allemagne.
LONDRES (de notre correspondante) - La Vierge de Darmstadt, un tableau souvent décrit comme l’équivalent germanique de la Madone Sixtine de Raphaël, serait estimée 114 millions d’euros si elle n’était pas interdite de sortie de territoire par le Land de Hesse (Allemagne). Même si l’acheteur potentiel ne doit pas obligatoirement être allemand, l’œuvre ne pourra pas quitter le pays.
Ce tableau réapparaît aujourd’hui sur le marché parce que son actuel propriétaire, Donatus de Hesse, doit acquitter 13 millions d’euros en droits de succession après la mort, en 1997, du dernier membre de l’une des branches de la famille, Margaret von Hessen und bei Rhein. Cette disparition a entraîné la fusion de son patrimoine avec celui de la branche de la famille située à Cassel. À l’heure actuelle, l’Allemagne n’offre pas d’équivalent aux procédures britanniques ou françaises de la dation en œuvres d’art. Elle ne dispose pas non plus d’un tribunal indépendant qui pourrait estimer sur le marché une œuvre qui ne peut être exportée. Il est ainsi difficile de prévoir le prix que pourraient en proposer un musée ou une institution publique au prince Donatus.
Le tableau a été exposé publiquement au château de Darmstadt pendant cent cinquante ans. De 1947 à 1958, il avait été prêté au Kunstmuseum de Bâle en échange d’un soutien par les Suisses aux enfants sous-alimentés de Darmstadt. Peint en 1526 pour le banquier et bourgmestre de Bâle Meyer von Hasen, cette Vierge de la Miséricorde, dont le manteau protège la famille du commanditaire, a échappé à l’iconoclasme bâlois de 1529, pour réapparaître un siècle plus tard grâce au marchand français Le Blond. Ce dernier avait deux clients : un vendeur de livres d’Amsterdam et Marie de Médicis. Il vendit une copie à la reine – copie qui a plus tard été acquise par le roi de Saxe –, tandis que l’original restait en Hollande. Il resurgit à Paris en 1822, lorsqu’il fut acheté par le prince Guillaume de Prusse, qui l’a légué à son épouse, née Hesse.
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Un Holbein réapparaît
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°146 du 5 avril 2002, avec le titre suivant : Un Holbein réapparaît