BERLIN / ALLEMAGNE
En dépit d’un contexte morose, 54 galeries ont ouvert de concert l’une de leurs meilleures expositions de l’année dans la capitale allemande.
BERLIN - Le Gallery Weekend de Berlin a accueilli cette année quelque 25 000 visiteurs, parmi lesquels 1 200 collectionneurs, conservateurs et curateurs invités par les organisateurs. Pour sa 12e édition, qui s’est déroulée du 29 avril au 1er mai, l’événement s’était encore étoffé : le parcours officiel comprenait ainsi cette année 54 galeries. Bien loin des 20 galeries des débuts.
Les galeries berlinoises ont coutume d’inaugurer pour l’occasion l’une de leurs meilleures expositions de l’année, et cette édition ne fait pas exception : de Wolfgang Tillmans (Galerie Buchholz) à Daniel Buren (Buchmann Galerie et œuvre in situ chez Thomas Schulte), en passant par Mark Wallinger (Carlier Gebauer), Philippe Decrauzat (Mehdi Chouakri), Peles Empire (Wentrup), Alexandre Singh (Sprüth Magers), Martin Honert (Johnen) et l’Arachno Concert de Tomás Saraceno (Esther Schipper). La galerie Barbara Thumm expose quant à elle le Cubain Diango Hernández, qui transcrit en vagues bleues les mots les plus fréquemment utilisés dans les discours de l’ancien président Fidel Castro. Une œuvre très poétique, qui est plus autobiographique que politique, explique l’artiste.
Des artistes commissaires d’exposition
Les artistes sont devenus commissaires d’exposition chez Eigen Art (Carsten Nicolai, dans l’annexe, en sus de son exposition dans les locaux principaux de la galerie), Kicken (Wilhelm Schürmann) et Neugerriemschneider. Cette dernière laissait carte blanche à Tobias Rehberger. L’artiste a convié 65 de ses anciens étudiants à la Städelschule de Francfort et ses amis artistes à exposer une de leurs œuvres susceptible de lui plaire. En échange, Rehberger leur offre un cadeau, emballé dans des origamis originaux. Le destinataire des œuvres de Rehberger est ainsi confronté à un choix cornélien : pour accéder au cadeau, il faut détruire l’emballage, qui est en soi une œuvre d’art. L’exposition investit les moindres recoins de la galerie y compris la kitchenette, juxtaposant dans un mélange aussi improbable que flamboyant des œuvres d’Olafur Eliasson, Isa Genzken, Douglas Gordon, Philippe Parreno, Danh Vo, Jean-Marc Bustamante et Ai Weiwei, pour n’en citer que quelques-uns.
La galerie Nagel Draxler effectue un retour remarqué après plusieurs années d’absence en exposant les monochromes gravés au laser du jeune artiste américain Egan Frantz. L’événement était également l’occasion d’ouvrir une annexe, le « Kabinett », en face de la galerie. Un retour réussi puisque les galeristes se félicitaient de ventes très satisfaisantes, parmi lesquelles trois œuvres de Frantz. Contemporary Fine Arts inaugurait lui aussi un second espace à Charlottenburg, avec des céramiques d’Anselm Reyle.
L’expansion de l’événement comme celle de certaines grandes galeries ne masquent toutefois pas un contexte d’ensemble morose. La capitale allemande déplore depuis deux ans une série de fermetures parmi lesquelles les galeries Florent Tosin, Kamm, l’antenne berlinoise de Moeller Fine Art, Sassa Trülzsch, et plus récemment Schleicher/Lange. Le Gallery Weekend revêt dans ce contexte encore plus d’importance, car l’afflux de collectionneurs bénéficie à l’ensemble des enseignes, et pas seulement à celles qui investissent 7 500 euros pour figurer dans le parcours officiel. Les jeunes galeries qui ne peuvent participer aux foires réalisent jusqu’à deux tiers de leur chiffre d’affaires pendant ce week-end.
D’autres Collections ouvrent au public
Malgré ce climat incertain, il semblerait toutefois que Berlin soit toujours « the place to be », à en croire les collectionneurs privés, toujours plus nombreux à présenter leur collection dans la capitale allemande. Début juin, Julia Stoschek ouvrira au public un espace dans le quartier de Mitte, en sus de sa Collection basée à Düsseldorf. Désiré Feuerle a quant à lui profité du Gallery Weekend pour offrir une preview de sa collection privée. Comme Christian Boros, il a choisi de l’installer dans un ancien bunker de la Seconde Guerre mondiale. Dans une pénombre quasi religieuse sont juxtaposées œuvres d’art chinois et d’art contemporain.
Une ombre au tableau planait par ailleurs sur le Gallery Weekend. La foire Art Cologne, qui vient de célébrer ses 50 ans d’existence, a annoncé les dates de l’édition 2017 : elles coïncideront avec celles du Gallery Weekend. Un choix « malheureux », selon Maike Cruse, la directrice de l’événement berlinois, qui espère toujours que les organisateurs d’Art Cologne reviendront sur leur décision.
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Un Gallery Weekend d’envergure
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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°457 du 13 mai 2016, avec le titre suivant : Un Gallery Weekend d’envergure