MAASTRICHT / PAYS-BAS
Après les nombreux remaniements opérés l’an passé, la manifestation hollandaise stabilise sa formule et accueille de nouveaux marchands.
Maastricht.à Maastricht, Tefaf (The European Fine Art Fair) – la plus grande foire au monde d’art et d’antiquités – revient pour sa 33e édition, du 7 au 15 mars. Cumulant tous les superlatifs, la manifestation rassemble le plus grand nombre de marchands toutes foires confondues, les plus gros vendeurs dans chacune des disciplines présentes, 30 000 objets couvrant 7 000 ans d’histoire de l’art, le tout réparti sur plus de 30 000 m2 d’exposition.
L’année dernière, les organisateurs avaient procédé à de grands changements : du sang neuf avec 40 nouveaux exposants contre une vingtaine d’ordinaire ; un grand ménage poussant vers la sortie des marchands plus vraiment au niveau ; un protocole de sélection entièrement revu, tout comme les règles du vetting [contrôle de l’authenticité et de la qualité des objets] et la composition des commissions d’expertise.
Point de tels bouleversements cette année, si ce n’est que la foire a été avancée d’une semaine pour des questions de calendrier et que l’exposition muséale à l’étage dans la section « Tefaf Paper » a été supprimée « afin de laisser le plus d’espace possible aux exposants », précisent les organisateurs.
Comme en 2019, les exposants sont au nombre de 280, à la différence qu’il n’y a que 25 nouveaux entrants. Les galeries anglaises continuent de dominer – 76 au total – malgré l’augmentation notable des galeries françaises (57 cette année contre 55 en 2019). La section « Antiquités » – qui accueille à la fois du mobilier et des objets d’art anciens, de la sculpture européenne, de l’art asiatique, de la céramique et des livres anciens – reste le secteur le plus important de la foire avec 98 exposants.
Six nouvelles galeries font leur entrée, à l’instar des galeries parisiennes Mathieu Néouze et Jean-Christophe Charbonnier. Le marchand parisien vient ainsi combler un manque avec sa spécialité, les armures japonaises, du XVe siècle à 1860 (voir ill.). « J’y participe pour toucher les conservateurs et les musées acheteurs, une part importante de ma clientèle. Ils sont tous présents à l’événement ; c’est d’ailleurs ce qui fait sa force », confie-t-il.
La peinture ancienne, historiquement le domaine fort de Tefaf compte 55 marchands avec 4 nouveaux arrivants, dont les galeries Terrades (Paris), Wildenstein & Co (USA) et Nicolás Cortés (Madrid). Sanct Lucas (Vienne), De Voldère (Paris) ou Carlo Orsi (Milan) ne sont pas revenues.
Tefaf Modern, qui avait été renouvelée à 25 % l’an passé afin d’y intégrer davantage de poids lourds et de galeries d’art contemporain du premier marché, grossit toujours avec 59 galeries présentes. On regrette toutefois les départs de Patrick Derom (Bruxelles), Simon Lee (Londres, Hong Kong, New York), Richard Nagy (Londres) ou encore Pace Gallery (New York…).
Le secteur « Design » comptabilise six nouveaux entrants, portant à 20 le nombre d’exposants dans cette catégorie. Ils n’auront jamais été si nombreux. Yves Macaux (Ixelles), Bel étage (Vienne), Alexandre Biaggi (Paris) et Pierre Passebon (Paris) ont laissé leur place à Carpenters Workshop (Londres), Friedman Benda (New York) ainsi qu’aux Français Jacques Lacoste, Lefebvre, Maria Wettergren ou encore Aline Chastel Maréchal. Pour sa première participation, la galeriste parisienne expose une vingtaine de miroirs et quelques luminaires de la designer et créatrice française Line Vautrin (1913-1997, voir ill.), mêlés à des pièces de Jean Royère et du mobilier brésilien. Mélangés aux stands de design depuis 2019, les six marchands d’art tribal sont revenus, à l’exception d’Anthony Meyer – exposant historique de la foire, mais qui entend « se recentrer sur sa galerie ». Il est remplacé par le Parisien Yann Ferrandin.
concurrence. En début d’année, Tefaf annonçait le départ de Patrick van Maris, le directeur général de la foire hollandaise depuis 5 ans. Sofie Scheerlinck, directrice générale de Tefaf New York depuis mars 2018 prendra sa suite par intérim à compter du 1er avril. Les marchands n’avaient jamais vraiment digéré la nomination de cet ancien de Sotheby’s. Et c’est sous sa houlette que Tefaf s’est implantée à New York en 2016. Or les deux boutures, Tefaf New York Fall et Spring, ne fonctionnent pas très bien commercialement pour les marchands, ce qui explique un fort renouvellement. « L’idée de s’installer à New York était excellente, mais les choses ne se sont pas passées comme prévu. Ce n’est ni la faute des organisateurs, ni la faute des marchands qui se démènent, mais plutôt la difficulté à être en phase avec la clientèle américaine davantage tournée vers l’art contemporain et qui n’est pas prête à payer les prix européens », explique un connaisseur du marché. Par ailleurs, Tefaf étant venue jusqu’à eux, les Américains trouvent encore moins de raisons de traverser l’Atlantique et, en conséquence, viennent de moins en moins à Maastricht. Toute puissante jusqu’à maintenant, Tefaf s’inquiète aussi de la montée en puissance de la Brafa de Bruxelles. Cette année encore, les marchands ont conclu de nombreuses transactions, tandis que le nombre de visiteurs est en hausse constante. Il se murmure même que pour ne pas froisser les organisateurs de Tefaf, ceux de la foire belge ont tu les chiffres officiels de fréquentation qui avoisineraient les 70 000 – comme elle – plutôt que les 68 000 visiteurs communiqués.
Marie Potard
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Tefaf 2020 consolide ses positions
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°540 du 28 février 2020, avec le titre suivant : TEFAF 2020 consolide ses positions