Sans atteindre le record historique de 2007, avant que le marché ne s’effondre avec la crise financière, les ventes new-yorkaises d’art impressionniste et moderne retrouvent le sommet avec un total de 588 millions de dollars. Sotheby’s surpasse largement Christie’s grâce à Giacometti et Modigliani. Des résultats de bon augure pour les ventes d’art contemporain.
NEW YORK - Cet automne, Sotheby’s avait parié sur une frêle sculpture, et le choix s’est révélé gagnant. Avec un total phénoménal de 422,1 millions de dollars (337,5 millions d’euros) (1) pour sa seule vacation du soir, la maison atteint son plus haut montant jamais réalisé et tient la dragée haute à Christie’s qui ferait presque pâle figure avec son résultat de 165,6 millions de dollars (132,5 millions d’euros), pour un nombre de lots moindre cependant.
Si Sotheby’s fait un bond spectaculaire par rapport à son total de l’an passé (234 millions d’euros), c’est grâce à une petite poignée de lots, et particulièrement à deux sculptures modernes célébrissimes. La vedette a ainsi été le Chariot de Giacometti, bronze rarissime de 1950 représentant une silhouette gracile perchée sur de grandes roues. Conservée depuis plus de quarante ans dans la collection de la famille grecque Goulandris, l’œuvre était l’une des deux seules se trouvant encore en mains privées. C’est cette provenance exceptionnelle qui a permis d’atteindre 81,4 millions d’euros. La somme est coquette mais la maison n’a pu battre le record de l’artiste, détenu par L’Homme qui marche I depuis 2010. Point de bataille d’enchère non plus pour ce lot phare, dont on connaissait la garantie promise au vendeur, illustrant la compétition effrénée des deux géants anglo-saxons. Le record a en fait été décroché par Modigliani pour la Tête, (1911-1912), taillée dans la roche calcaire, cédée 56,5 millions d’euros. Fait assez rare pour être noté, c’est ainsi la sculpture qui a été la star du soir. « La cote de nombreux sculpteurs était à la traîne comparée à la peinture, Rodin ou Claudel ont également explosé récemment », précise Étienne Hellman chez Sotheby’s. Outre une nature morte de Van Gogh, vendue au président d’un important studio de cinéma chinois, Monet est également sorti couronné de la vacation avec la présence de 4 lots dans le Top 10 des ventes. « Beaucoup disaient l’impressionnisme fini au profit du moderne et du contemporain, on voit pourtant que le marché est fort et que les lots importants font des prix fous avec la raréfaction de la marchandise », commente Étienne Hellman.
Un Manet au Getty
À l’abri sous son ombrelle, l’actrice Jeanne Demarsy a irradié la vente du soir de Christie’s. La jeune dame, sujet du Printemps de Manet, a établi un nouveau record pour le peintre, porté à 41 millions d’euros. À nouveau, la provenance exceptionnelle de l’œuvre a été déterminante : ce dernier tableau de salon de l’artiste encore en mains privées, acquis auprès de Paul Durand-Ruel, était resté dans la même famille depuis 1909 avant d’être exposé à la National Gallery de Washington pendant trente ans. Acquise par le J. Paul Getty Museum de Los Angeles, l’huile a représenté plus d’un tiers du produit de la vente. L’œuvre phare du versant moderne de la vacation, un grand Fernand Léger qui ne pouvait se targuer d’un tel pedigree, est restée sur le carreau. C’est Giacometti qui lui a volé la vedette, prouvant que la sculpture était décidément au cœur de cet automne à New York.
Estimation : 300 M$ (237 M€)
Total : 422,1 M$ (340 M€)
Nombre de lots vendus : 58 sur 73
Taux de vente : 79,4 %
Estimation : 106 M$ (83,4 M€)
Total : 165,6 M$ (132 M€)
Nombre de lots vendus : 35 sur 39
Taux de vente : 90 %
(1) Toutes les estimations sont indiquées hors frais acheteur tandis que les résultats sont indiqués frais compris.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Sotheby’s domine l’art moderne à New York
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°423 du 14 novembre 2014, avec le titre suivant : Sotheby’s domine l’art moderne à New York