Foire & Salon

FOIRES AMÉRICAINES

Retrouvailles réussies pour l’Armory Show

Par Barthélemy Glama, correspondant à New York · Le Journal des Arts

Le 15 septembre 2021 - 837 mots

Dans un nouveau lieu et à une nouvelle date, la foire américaine fait son grand retour en « présentiel » avec une édition 2021 enthousiasmante.

New York. Au printemps, Frieze avait élu domicile dans le nouveau quartier des Hudson Yards, à deux pas des galeries de Chelsea. L’Armory Show a posé ses valises quelques rues plus haut, au Javits Center, immense parc d’exposition refait à neuf l’an dernier, dans ce coin de Manhattan qui confirme son rang de cœur vibrant du marché de l’art new-yorkais. Après plusieurs années passées dans les Piers 90 & 94, ces anciens bâtiments portuaires au bord du fleuve Hudson devenus insalubres, le choix est salué par les visiteurs comme par les exposants. « Les retours sont extrêmement positifs. C’est un endroit beaucoup plus adéquat à bien des égards, plus sophistiqué aussi, et remarquablement bien situé, se félicite Nicole Berry, la directrice de la foire. C’est exactement ce dont nous avions besoin. » Si plusieurs galeristes déplorent le changement de calendrier (de mars à septembre), qui place la foire en pleine rentrée, au moment des premières expositions d’automne et des fêtes juives, tous apprécient les larges allées, les stands plus aérés et l’emplacement central du nouveau lieu.

« L’impression qu’il y a peut-être un peu moins de monde que d’habitude tient sans doute aux créneaux que l’on doit réserver en ligne et qui espacent les visites », constate un exposant. Cette obligation de réservation est, avec le « passe sanitaire » à présenter à l’entrée et le port du masque dans les allées l’autre grande mesure anti-Covid affichée par les organisateurs de la foire. Certains, comme Marianne Boesky, de la galerie du même nom à New York, s’en réjouissent : « Cela donne un rythme plus humain à l’événement. On sent une belle énergie ! » Pour d’autres, les rencontres n’en sont que facilitées : Julie Côté et Sophie Latouche de la jeune galerie montréalaise Projet Pangée, dont c’est le premier Armory, se disent heureuses des « très belles conversations » et des « bons contacts » qu’elles ont pu avoir avec les collectionneurs, curateurs et artistes.

La foire des New-Yorkais

Cette année encore, l’Armory n’usurpe pas son titre de « foire des New-Yorkais », d’autant que 55 galeries, pour la plupart européennes, ont dû se contenter de la salle d’exposition virtuelle, n’ayant pu faire le voyage à cause des mesures de restriction à l’entrée sur le territoire américain. Seuls quelques rares élus ont pu obtenir une « National Interest Exemption » de leur ambassade pour venir sur place. Lorenzo Ronchini, de la galerie londonienne du même nom, a lui passé quatorze jours de quarantaine au Mexique : « Je ne voulais manquer cette opportunité pour rien au monde. » Il a vendu trois œuvres de Rebecca Ward dès le premier jour.

Dès le vernissage VIP, les ventes étaient au rendez-vous. Le soir même, beaucoup avaient d’ailleurs même tout vendu, avec une appétence marquée des collectionneurs pour les œuvres texturées, à cheval entre peinture et sculpture, et les textiles. Marc Straus (New York) a trouvé preneur pour toutes les œuvres de Marie Watt [voir ill.] qu’il présentait, parties à plus de 100 000 dollars (85 000 €) chacune. Marianne Boesky Gallery (New York) et Library Street Collective (Detroit) ont cédé Furs and Concrete (2021) de Jammie Holmes à un musée chinois pour 65 000 dollars (55 000 €). Un buste en bronze du rappeur Kanye West par Kehinde Wiley chez Stephen Friedman (Londres) a quant à lui atteint les 170 000 dollars (145 000 €), signe d’un marché new-yorkais en pleine vigueur.

Un « off » qui s’étoffe  

Foires satellites. Spring/Break, Art on Paper, Clio et Independent, les quelques foires de taille plus réduite qui accompagnent habituellement l’Armory Show, ont choisi de suivre leur grande sœur dans le changement de calendrier pour continuer à se tenir en même temps. Dans un mimétisme absolu, Independent a même aussi changé de lieu pour s’établir dans le magnifique Battery Maritime Building, au sud de Manhattan. Avec son audience pointue de curateurs et critiques, son nombre réduit d’exposants (43 cette année) et son offre soignée, sa réputation de rendez-vous branché ne s’est pas démentie. Seul regret, une disposition de l’espace jugée un peu trop classique : « Autrefois, il n’y avait pas vraiment de stands, de séparation, tout le monde était mélangé, ça manque », confie un galeriste. Au bataillon habituel s’ajoute une petite nouvelle, « Future Fair », qui tient sa première édition physique au rez-de-chaussée d’un immeuble de Chelsea. Ambitieuse, la foire veut être un « acteur du changement pour promouvoir un marché de l’art plus collaboratif », explique Rachel Mijares Fick, sa cofondatrice. Les 34 galeries, souvent émergentes, se partagent 16 grands stands de taille égale. La plupart des œuvres sont négociées entre 5 000 et 20 000 dollars (4 200 et 17 000 €). Le résultat est convaincant : « C’est un vent de fraîcheur », confie Éric Dereumaux de la galerie RX (Paris, New York), qui y expose des peintures de Fabrice Hyber et d’Hermann Nitsch conjointement avec la new-yorkaise Slag, présente également avec des œuvres de Naomi Safran-Hon, Jeane Cohen et Tamara Kostianovsky.

 

Barthélémy Glama, correspondant à New York

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°573 du 17 septembre 2021, avec le titre suivant : Retrouvailles réussies pour l’Armory Show

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