PARIS
Les prix moins élevés et des réticences pour les multiples expliquent en partie la présence réduite de la photo.
La Fiac expose de moins en moins de photographies, et l’édition 2019 le confirme. La part congrue que lui réservent certaines galeries est réservée aux habituels Cindy Sherman, Jeff Wall, Thomas Struth et autres artistes de l’école de Düsseldorf. Pierre et Gilles font, de leurs côtés, régulièrement sensation avec leurs dernières images chez Templon qui cette année présente aussi une nouvelle œuvre de Gregory Crewdson. Valérie Belin, Richard Avedon ou Irving Penn arrivent à s’immiscer dans la liste des photographes présents sur les cimaises de la foire, mais ils ne demeurent qu’une poignée. « Le rapport de la Fiac à la photo s’est inscrit en permanence sur le registre “je t’aime moi non plus” », constate Françoise Paviot, membre du Comité d’organisation de la Fiac (Cofiac) de 1999 à 2007. « Dans l’histoire de la foire, il y a des périodes avec ou sans photo. » Les belles années de la photographie à la Fiac, comme à Art Basel, appartiennent aux décennies 1990-2000, lorsque l’école de Düsseldorf a commencé à faire beaucoup d’argent et battre des records de vente.
Art Basel a inauguré ce désamour progressif quand ses organisateurs ont décidé de supprimer la section photo et de sortir progressivement les galeries photo. « Art Basel inaugure des changements structurels que l’on voit se répercuter de foire en foire », note Anne-Claudie Coric, directrice de la galerie Templon. La Fiac a suivi le mouvement doucement mais sûrement. Des galeries comme Françoise Paviot, en 2018, ont été mises sur liste d’attente et leur participation soumise à conditions.
Plusieurs raisons cumulatives expliquent cette situation. D’abord, l’intérêt de plus en plus soutenu pour la peinture. Puis la proximité de Paris Photo, à trois semaines seulement de la Fiac, impose à chaque exposant d’affirmer une identité propre aux deux foires.
Par ailleurs, les prix de la photographie, bien moins élevés que pour la peinture ou la sculpture, ne jouent pas en sa faveur. Or les foires deviennent de plus en plus coûteuses pour les exposants. « La Fiac est extrêmement chère à financer pour une galerie. Si vous avez le choix entre une œuvre à 10 000 ou 100 000 euros, l’arbitrage est rapide », souligne Anne-Claudie Coric.
Enfin, les acheteurs de la Fiac qui ont des attentes et des budgets en général bien différents de ceux de la manifestation Paris Photo se méfient des multiples. Certains artistes très prisés comme Nan Goldin en ont abusé, ce qui n’est pas sans conséquence, y compris sur les collectionneurs de photographies. Les résultats médiocres des ventes photo sur le second marché ont également renforcé ce désintérêt, voire ce désengagement. Rares sont les photographies contemporaines qui réussissent à se maintenir à leur niveau de prix, même celles de Cindy Sherman.
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Pourquoi si peu de photographies à la Fiac ?
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°530 du 4 octobre 2019, avec le titre suivant : Pourquoi si peu de photographies à la Fiac ?