Sans rival, le salon veut dans sa 17e édition s’ouvrir de plus en plus aux galeries d’art contemporain et développer la présence internationale.
Comme attendue, la tendance se poursuit. La 17e édition de Paris Photo conforte son ouverture aux galeries non spécialisées en photographie et son internationalisation avec 24 pays représentés (22 l’an dernier), dont la Russie et l’Inde qui font leur retour via les galeries Glaz (Moscou) et Tasveer (Bangalore) et la présence remarquée de trois galeries sud-américaines réputées : Rolf Art et Vasari de Buenos Aires, puis Graphika la Estampa (Mexique) avec la photographie ancienne et moderne.
Cette année, elles sont 135 galeries françaises et internationales à avoir été sélectionnées sur 211 candidats retenus.
L’an dernier, elles étaient 128 (117 en 2011), la proportion de galeries françaises présentes (42) par rapport aux galeries internationales (93) obéissant une nouvelle fois à la jauge un tiers/deux tiers environ que se donnent la Fiac et Paris Photo depuis quelques années. Du côté des éditeurs et libraires de livres photo, au nombre de 27 (23 en 2012), les rangs s’étoffent tout autant, les éditions Actes Sud, Morel, Phaidon, Taschen et André Frère (toute jeune maison d’édition née à Marseille) intégrant l’édition 2013.
D’une année sur l’autre, Paris Photo à l’instar de la Fiac, Frieze, Basel etc. connaît son lot de retours (Paris-Beijing), de nouveaux entrants (27 au total), d’absents (Anne Barrault, Cherry and Martin de Los Angeles…) et de sorties. N’a pas été ainsi retenue par le comité de sélection, la candidature de la galerie Baudouin Lebon, galerie historique du salon – elle fut aux premières de Paris Photo. Raison invoquée par ses organisateurs : « le stand de l’an dernier n’a pas correspondu au dossier proposé et retenu ». Du côté des 108 galeries qui ont participé à l’édition 2012 et qui se retrouveront en revanche sous la verrière du Grand Palais, se dénombrent à nouveau les majors américains du marché de l’art contemporain – Gagosian, Fraenkel, Pace/MacGill et David Zwirner. Cet automne, la non moins renommée galerie new-yorkaise Metro Pictures fait également son entrée à Paris Photo avec trois autres consœurs new-yorkaises, les galeries 303, Cheim & Read et Nailya Alexander. L’arrivée de la galerie Rhona Hoffman (Chicago), spécialisée dans l’art conceptuel, renforce tout autant la présence de la scène artistique américaine représentée par pas moins de 28 galeries, un chiffre record de présence pour les marchands américains pourtant inscrits dans les gênes de la foire dès la création de Paris photo en 1998.
Le glissement de la photo vers l’art contemporain
L’évolution du médium, de son rôle, de sa place chez les artistes et dans leur création a élargi cependant le spectre du profil des galeries qui voient désormais à côté de galeries spécialisées en photographies proliférer les galeries d’art contemporain. Paris Photo colle à cette évolution. À ceux qui dénonceraient une propension à calquer la liste des galeries qui exposent à celle de la Fiac, son directeur, Julien Frydman rappelle qu’elles ne sont que treize à participer à la Foire internationale d’art contemporain. « Nous sommes attentifs à ce que toutes les époques et tous les genres soient représentés, de la photographie ancienne, moderne, plasticienne, conceptuelle à la photographie anonyme. » Et le directeur de Paris photo de préciser que « la sélection est de plus en plus rude, et le niveau de plus en plus élevé ».
Comme à l’accoutumée, pour prendre place sous la verrière du Grand Palais, tout candidat à un stand a du effectivement monter un dossier de candidature examiné par un comité de sélection qui a réuni en avril dernier Guido Costa (Turin), Howard Greenberg (New York), Tim Jefferies (Hamiltons gallery, Londres), Edwynn Houk (New York/Zürich), Françoise Paviot (Paris), Timothy Persons (Taik, Helsinki), Yossi Milo (New York) et Renos Xippas (Paris, Athènes, Montevideo) et Thomas Zander (Cologne) en remplacement de Priska Pasquer (Cologne). S’il faut compter avec l’arrivée en force des galeries américaines, celle des galeries allemandes est également importante dans la cartographie générale du salon. En trois ans, le nombre de galeries allemandes a presque doublé passant de 11 à 20 en 2013, ramenant leur participation au niveau de celui de 2003 à 19 galeries. Font ainsi leur entrée, deux galeristes réputés de Cologne – Michael Werner et Susanne Zander – et deux jeunes enseignes berlinoises : la galerie Bourouina et la galerie Klemm’s. « Thomas Zander est particulièrement actif dans son rôle de promotion de la foire et prospecteur de nouvelles galeries dans sa zone géographique et Yossi Milo l’est tout autant pour la scène américaine », reconnaît Julien Frydman.
Comme le sont Françoise Paviot et Renos Xippas pour les galeries françaises aux côtés desquels se rangent cette année les galeries Bendana/Pinel, Polka, la Galerie Particulière et Thaddaeus Ropac – lequel pour sa première participation à Paris Photo, a demandé à Isabelle Huppert de puiser librement dans le fond de la Fondation Mappelthorpe.
Les solo show sont particulièrement nombreux cette année. Se distinguent d’ores et déjà celui de Sophie Ristelhueber (Jérôme Poggi), Juergen Teller (Suzanne Tarasieve), Paul Thorel (Guido Costa), Ori Gersht (Mummery Schnelle), Marc Trivier (Bernard Bouche), Lara Dhondt (galerie Bourouina), Horst Ademeit (Susanne Zander) et celui de Jeff Cowen présenté par Michael Werner. Côté pièces rares, le spectre des propositions balaie comme d’habitude l’histoire de la photographie à nos jours, non sans coller à l’actualité photo de ces derniers mois ni aux grands noms du médium aux raretés recherchées tels le portrait du Boucher d’August Sander (1905-1906), tiré à deux exemplaires présentés par la galerie Ferez (Bonn) ou les tirages de la série « Révolution » d’Hiroshi Sugimoto exposés aux dernières Rencontres de la photographie d’Arles que la galerie Fraenkel de San Francisco proposera à la vente.
Depuis le transfert de Paris Photo du Carrousel du Louvre au Grand Palais, se sont adjoints aux stands des galeries des espaces dévolus aux expositions « Collection privée » et « Acquisitions récentes » et à celles proposés par les partenaires officiels – Giorgio Armani et J.-P. Morgan – et partenaires associés (BMW, SFR et Leica). Afin de les distinguer de la partie commerciale et à leur demande, cette année tout ce petit monde grimpe d’un étage et bénéficie par là même de plus grands espaces.
Après avoir invité l’an dernier le Los Angeles County Museum of Art, le Fotomuseum Winterthur et Huis Marseille (Amsterdam), c’est au tour de l’Institut Moreira Salles (Rio de Janeiro), le Musée des beaux-arts de l’Ontario et le Musée Folkwang (Essen) de présenter leurs dernières acquisitions.
L’exposition consacrée à la collection de l’homme d’affaires hambourgeois Harald Falckenberg, partie intégrante aujourd’hui du Deichtorhallen à Hambourg, prend place de son côté dans le salon d’honneur du Grand Palais grâce au soutien de la banque J.-P. Morgan qui, comme les années précédentes, dispose d’espaces propres pour présenter sa propre collection, à l’instar de Giorgio Armani. Pour la quatrième année consécutive, le couturier italien poursuit la présentation de son corpus d’œuvres consacrées à l’eau, tandis que BMW donne à voir, après Arles, le travail de Marion Gronier réalisé durant sa résidence au musée Nicéphore Niépce à Chalon-sur-Saône.
Paris Photo - Vernissage mercredi 13 novembre 2013 de 17h à 21h30 - Du 14 au 17 novembre 2013, Grand Palais, avenue Winston-Churchill, 75008 Paris, www.parisphoto.com, 14-16 novembre 12h30-20h, 17 novembre 12h30-19h.
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Paris Photo, une foire très internationale
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- Paris et la photographie, une belle idylle Paris Photo au Grand Palais - 2013 - © photo Ludosane
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°400 du 1 novembre 2013, avec le titre suivant : Paris Photo, une foire très internationale