Paris Photo toujours plus internationale

Lors de la présentation à la presse de la 17e édition de Paris Photo, Julien Frydman, directeur de la manifestation, le disait sans ambages : « D’année en année, la sélection des galeries est de plus en plus rude, et le niveau de plus en plus élevé. La tendance, quant à elle, est de plus en plus aux galeries qui ne sont pas spécialisées dans la photographie et qui représentent des artistes travaillant avec le médium, collant ainsi avec la création actuelle. » Le passage en 2011 de Paris Photo du Carrousel du Louvre au Grand Palais avait marqué nettement le basculement de la foire vers cette orientation avec l’arrivée des poids lourds du marché de l’art contemporain tel Gagosian (New York), Fraenkel (San Francisco) et Pace/MacGill (New York). Rejoints l’an dernier par David Zwirner (New York) entre autres, ils ont étoffé la présence des galeries américaines tandis que celle des galeries allemandes se renforçait et se renforce encore en 2013 avec la venue de deux galeries berlinoises spécialisées dans le contemporain (Bourouina et Klemm’s) et de deux enseignes réputées de Cologne, Michael Werner et Susanne Zander.

En France, des galeries  en région à la peine
Cette année, 135 galeries françaises et internationales et 27 éditeurs spécialistes du livre photo ont été sélectionnés contre 128 galeries l’an dernier (117 en 2011) et 23 éditeurs. Les pays représentés sont également en hausse : 24 en 2013, 22 en 2012, avec notamment parmi les nouveaux venus : la galerie Glaz de Moscou, deux galeries renommées de Buenos Aires (Vasari et Rolf Art) et la galerie mexicaine Grafika la Estampa, spécialisée en photographie ancienne et moderne.

L’internationalisation de la foire se confirme donc elle aussi, posant régulièrement la question de la bonne représentation ou non des galeries françaises et, avec elle, de la création des photographes, artistes de la scène hexagonale. Sous la verrière du Grand Palais, leur nombre s’élève à 41, soit 30 % du total des galeries contre 32 % l’an dernier, une proportion assez stable avec, comme chaque année depuis quelques éditions, une écrasante représentation des galeries parisiennes, la scène des galeries en région se limitant au Réverbère à Lyon et à melanieRio à Nantes. Les nouveaux, là encore, énoncent les absents (Baudoin Lebon, Anne Barrault…) et les entrants, dont trois jeunes enseignes parisiennes – La Galerie Particulière, Polka et Bendana-Pinel –, mais aussi la très attendue galerie Thaddaeus Ropac. Pour son arrivée à la foire, celle-ci a donné carte blanche à Isabelle Huppert, invitée à revisiter l’œuvre de Robert Mapplethorpe conservée par la Fondation Robert Mapplethorpe à New York.

Les soloshows sont d’ailleurs nombreux cette année, bien que leur proportion demeure toute relative. À noter ainsi ceux dédiés à Sophie Ristelhueber (Jerôme Poggi), Marc Trivier (Bernard Bouche), Juergen Teller (Suzanne Tarasieve), Jeff Cowen (Michael Werner) et Horst Ademeit (Susanne Zander). La série inédite Révolution d’Hiroshi Sugimoto, derniers tirages de l’artiste japonais consacrés à l’empreinte de la Lune et des étoiles et exposition phare des dernières Rencontres d’Arles, que propose à la vente la galerie Fraenkel de San Francisco, fait partie des autres pièces vedettes. À l’instar du portrait du  Pâtissier (1928) d’August Sander de la galerie Feroz de Bonn. Sur d’autres stands, l’offre diversifiée, riche en pièces rares ou uniques, demeure une constante bien que le contemporain et les années 1960-1970 prennent de plus en plus le pas sur la photographie ancienne, bien moins en vogue aujourd’hui qu’il y a quelques années. L’édition 2013 met à l’honneur la collection de l’homme d’affaires de Hambourg Harald Falckenberg et les derniers achats de l’Institut Moreira Salles de Rio de Janeiro, ceux du Musée des beaux-arts de Toronto et du Musée Folkwang d’Essen. Les partenaires officiels de Paris Photo, Giorgio Armani, J.P. Morgan, BMW, disposent eux aussi de leurs propres espaces pour présenter des pièces de leur collection, SFR Jeunes Talents bénéficiant également de surfaces distinctes. L’espace de débats, confié cette année, à Nicolas Bourriaud, directeur de l’École nationale des beaux-arts de Paris, permet de développer un autre point de vue. Entendre, écouter pour mieux voir et voir pour mieux entendre, autant de propositions qui ont toujours fait bon ménage. Surtout quand il s’agit d’attirer différents publics, à commencer par les collectionneurs.