Avec le nombre record de 1830 exposants dont les deux tiers viennent du monde entier, Paris Photo est une fenêtre ouverte sur la création internationale.
Florence Bourgeois et Christoph Wiesner en ont pris la mesure en 2015 lors de leur première édition de Paris Photo : l’espace de la nef du Grand Palais n’est pas extensible, à moins d’investir les galeries sud et sud-ouest du niveau supérieur, comme le fait la Foire internationale d’art contemporain (Fiac). Ce qui n’est pas le cas, et n’a jusqu’à présent jamais été envisagé. Seule une partie des 1 200 m2 du salon d’honneur à l’étage est investie par la section « Prismes », créée l’an dernier et réservée à des grands formats, ou des séries inédites ou de taille exceptionnelle exigeant d’autres espaces que ceux du rez-de-chaussée. On peut donc imaginer le casse-tête pour la directrice générale et le directeur artistique du salon pour loger les 183 exposants de Paris Photo 2016 (presque aussi nombreux que les 186 de la Fiac) ! Pour sa 20e édition, Paris Photo voit grand, puisque 153 galeries et 30 éditeurs prennent place sous la verrière du Grand Palais, sans compter les espaces dévolus aux expositions des partenaires. La représentation internationale (30 pays) et le renouvellement d’enseignes à hauteur de 24 % sont en revanche habituels.
Des pièces exceptionnelles
Parmi les nouveaux venus citons : Bernier-Eliades d’Athènes, Blindspot de Hongkong, Cécile Fakhoury d’Abidjan, V1 de Copenhague, Chelouche et Dvir de Tel Aviv qui, avec la galerie Untilthen de Saint-Ouen, présentent sous forme d’installation la dernière création de Douglas Gordon dans les espaces encore plus vastes cette année de la section « Prismes ». Le salon VIP a d’ailleurs été déplacé dans une aile du rez-de-chaussée. Elles sont treize enseignes au lieu de neuf l’an dernier à y prendre place. La sélection ouvre à des pièces importantes comme la série « In memoriam 1988-1997 » du Lituanien Antanas Sutkus (White Space, Londres), le roadtrip en 70 photographies de Gonzalo Lebrija (Laurent Godin, Paris) de San Diego à Mexico City, les expérimentations de Thomas Barrow (Anne de Villepoix, Paris) ou le set complet et unique de 138 photographies du chef-d’œuvre d’Issei Suda, « Fushikaden » (1978) proposé au prix de 300 000 € HT par Jean-Kenta Gauthier et la galerie Akio Nagasawa (Tokyo), certainement l’une des pièces les plus chères du salon. Après avoir fait l’objet d’une exposition remarquée au BAL, Noémie Goudal (Les Filles du Calvaire) s’inscrit aussi dans cette section avec une œuvre produite pour Paris Photo, tandis que la mini exposition de Polka (Paris) autour du Paris de William Klein présente une majorité d’inédits. Les solos shows (à peine 15 % des propositions) réservent au rez-de-chaussée d’autres pièces d’exception. Retenons Danny Lyon présenté par Etherton (Tucson), Sally Mann (Karsten Greve, Paris), Fred Herzog, pionnier de la photographie de rue en couleur (Equinoxe, Vancouver) et Pieter Hugo dont la galerie Stevenson (Cape Town, Johannesburg) présente la dernière série « 1994 », ensemble de portraits d’enfants nés cette année-là marqués par la fin du génocide au Rwanda et la première élection démocratique en Afrique du Sud.
Pleins feux sur la scène française
Si la photographie américaine de l’entre-deux-guerres à nos jours domine encore les choix de nombre de galeries, la visibilité donnée à la création française marque cette édition, que ce soit en solo show ou duo shows. La galerie Baudouin Lebon célèbre son retour après trois ans d’absence par un focus sur l’œuvre de Patrick Bailly-Maître-Grand, scénographiée par François Cheval, directeur du Musée Nicéphore Nièpce à Chalon-sur-Saône. Pour leur première participation à Paris Photo, Georges Philippe et Nathalie Vallois ont rassemblé de leur côté une sélection de photographies des séries les plus emblématiques d’Alain Bublex ; Caroline Smulders a choisi Gérard Malanga ; et la galerie Binôme croise les somptueux daguerréotypes de Mustapha Azeroual et les territoires réinvestis par Thibault Brunet. Les trois nouvelles séries sur Alger de Stéphane Couturier à la Galerie Particulière ouvrent,elles, à un autre pan de ce travail au long cours. Philippe Chancel et Ambroise Tezenas chez Mélanie Rio (Nantes) ou Valérie Belin et Luc Delahaye chez Nathalie Obadia (Paris) réservent d’autres nouvelles productions.
« La montée en puissance de la photographie liée à la performance, autrefois simple document et depuis peu élevée au rang d’œuvre est une autre particularité de cette édition 2016 », relève Christoph Wiesner. Le solo show consacré à Alberto Greco (1931-1965) à la galerie Del Infinito de Buenos Aires rassemble ainsi, pour la première fois en France, la série complète de photographies réalisées à Piedralaves (Espagne) en 1963 de l’artiste argentin théoricien de l’art du Vivo Dito (du doigt vivant). Sur le stand de la galerie Parrotta (Stuttgart), ce sont les photographies de Clare Strand et Pieter Laurens Mol qui documentent l’utilisation et les déplacements de leurs corps dans l’espace. Dans cette veine, on découvre chez Rolf Art (Buenos Aires) les performances de Liliana Maresca au cours des années 1980-1990 et aux Filles du Calvaire (Paris) et chez Filomena Soares (Lisbonne) les chorégraphies poétiques d’Helena Almeida, dont la rétrospective au Jeu de paume a marqué la programmation parisienne 2016. La stripteaseuse de la série « 24 heures de la vie d’une femme ordinaire Réalités/ Fantasmes » de Michel Journiac (Christophe Gaillard, Paris) et les corps d’hommes dénudés de Juergen Teller ou de Boris Mikhaïlov (Suzanne Tarasieve, Paris) ne passent non plus inaperçus par leur audace et leur humour.
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Paris Photo : un point de vue très international
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Abonnez-vous dès 1 €Le Grand Palais, 3 novembre 2016 © Marc Domage / Paris Photo
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°466 du 28 octobre 2016, avec le titre suivant : Paris Photo : un point de vue très international