PARIS
De la photographie historique aux dernières tendances, les galeries présentes à Paris Photo offrent un large panorama des usages et pratiques du médium.
Paris. Chaque année, le nombre annoncé d’artistes exposés à Paris Photo – plus de 800 – est impressionnant. Quelques tendances néanmoins se distinguent.
Les dialogues entre les œuvres historiques et contemporaines sur un même stand réservent de beaux rapprochements d’auteurs et leur lot de pièces rares, méconnues ou uniques. La galerie Kicken (Berlin) confronte ainsi le modernisme de l’entre-deux-guerres de Sibylle Bergemann, Marta Hoepffner et Monika von Boch, personnalités de l’avant-garde allemande, avec des photographes de leur époque ou plus actuels. Le thème de la figure humaine ou animale chez Sophie Scheidecker (Paris) montre la variété des approches qui ont irrigué les XXe et XXIe siècles. L’association de la galerie Françoise Paviot (Paris) avec Vintage Works (Chalfont, États-Unis) déroule une histoire du portrait depuis Charles Nègre. La collaboration inédite entre Hans P. Kraus Jr. (New York) et la galerie Jean-Kenta Gauthier (Paris) fait converser des œuvres de maîtres du XIXe et d’artistes contemporains, tels Gustave Le Gray et Raphaël Dallaporta. La sélection resserrée de rares tirages de l’entre-deux-guerres chez Gilles Peyroulet & Cie (Paris) réunit Constantin Brancusi, Margaret Bourke-White, Germaine Krull, Dora Maar et André Kertész, tandis que Thomas Zander (Cologne) regroupe des artistes qui, au cours des années 1970-1980, ont révolutionné la conception de la photographie. Hamiltons (Londres) se concentre sur les photographes emblématiques de la seconde moitié du XXe siècle de Richard Avedon, Irving Penn, Helmut Newton à Hiro.
Les photographes américains ou anglais continuent d’être particulièrement bien représentés à Paris Photo, portés par une actualité importante dans les institutions. Howard Greenberg (New York), Fraenkel (San Francisco), Edwynn Houk (New York), Pace (New York), Bruce Silverstein (New York), Stephen Bulger (Toronto), Stephen Daiter (Chicago), Gagosian (Paris) et Hamiltons (Londres) en sont les porte-voix officiels. Quelques galeries parisiennes sont aussi sensibles aux photographes d’outre-Atlantique, telles Les Douches (avec Leon Levinstein, Robert Frank, et Ray K. Metzker), Sit Dow (Matt Wilson et Tom Wood) ou Clémentine de la Feronnière (Martin Parr et Paul Graham).
La scène française, surtout contemporaine, se distingue particulièrement. Le duo show de David De Beyter et Thomas Devaux chez Bacqueville (Lille) ou celui d’Hugo Deverchère et Gabriel Leger chez Sator (Paris) est intéressant. Des vintages d’Yves Trémorin et de Florence Chevalier chez Vu’ (Paris), des portraits de Payram, Agnès Geoffray, Nathalie Talec ou Laurent Goldring chez Maubert (Paris) expérimentent d’autres écritures visuelles comme les voyages poétiques de Valérie Mréjen, Julien Discrit, Laurent Montaron chez Anne-Sarah Bénichou (Paris) ou ceux au Japon de William Klein, Marc Riboud et Géraldine Lay chez Le Réverbère (Lyon).
Bernard Plossu, Patrick Taberna et Denis Dailleux chez Camera Obsura (Paris) réservent des ravissements à l’instar de Sarah Moon, Denis Brihat, Éric Dessert ou Jean-François Spricigo. Chez Nathalie Obadia (Paris), Valérie Belin, Luc Delahaye, Patrick Faigenbaum, Laura Henno et Agnès Varda, ou chez Éric Dupont (Paris), Claude Iverné, Taysir Batniji, Mathieu Pernot et Jacqueline Salmon forment de belles constellations auxquelles se rattachent Vasantha Yogananthan (The Photographer’s Gallery, Londres) et son regard sur la Nouvelle-Orléans à hauteur d’enfant, dont une des photos constitue l’affiche de Paris Photo 2023.
Les explorations photographiques de Jean-François Lepage (Tobe, Budapest), de Renato d’Agostin, Jean de Pomereu, Thierry Urbain et Lionel Bayol-Thémines (Bigaignon, Paris) ou encore de Laurent Millet, Laurent Lafolie, Baptiste Rabichon, Anaïs Boudot et Lisa Sartorio (Binôme) rappellent la place toute particulière que les expérimentations photographiques tiennent dans la création, une tendance forte dont se fait l’écho l’exposition « Épreuves de la matière », actuellement à Bibliothèque nationale de France. La mise en forme et la spatialisation des images de Constance Nouvel (In Situ – Fabienne Leclerc, Romainville) ou d’Ilanit Illouz (Fisheye, Paris) dans le secteur « Curiosa » associent d’autres pratiques tandis que, dans le nouveau secteur « Digital », confié à Nina Roehrs pour sa première édition, Robbie Barrat, U2p050 [voir ill.] et Albertine Meunier présentés par L’Avant Galerie Vossen (Paris) interrogent notre monde via des combinaisons de techniques numériques de pointe.
La représentation des photographes femmes continue à progresser. En cinq ans, elle est passée de 20 % à 36 % des artistes exposés. Pour son retour à Paris, Jackson Fine Art (Atlanta) présente un trio show réunissant Sally Mann, Trine Sondergaard, Tabitha Soren tandis que la galerie sud-africaine Stevenson montre des œuvres récentes ou inédites de Vivian Sassen, Mame-Diarra Niang, Jo Ractliffe et Frida Orupabo. Chez Silk Road (Téhéran), l’Iran est vu à travers le regard de cinq femmes photographes, et chez Alberto Damian (Trévise), c’est l’Italie des années 1950-1980.
Le parcours « Elles X Paris Photo », confié pour sa réalisation cette année à Giona Rogers, commissaire du Programme Women in Photography de la Fondation Parasol au Victoria & Albert Museum, met en exergue des travaux d’artistes sur leur vie ou celle d’autres femmes comme ceux de la Sud-Africaine Zanele Muholi (Yancey Richardson, New York) ou de Laia Abril et Maya Inès Touam à la galerie Les Filles du Calvaires (Paris).
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Paris Photo : Tour d’horizons
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°620 du 3 novembre 2023, avec le titre suivant : Paris Photo : Tour d’horizons