Foire & Salon

Photographie

Paris Photo 2014, un grand cru

Par Christine Coste · Le Journal des Arts

Le 26 novembre 2014 - 797 mots

Une foule de visiteurs s’est pressée pour apprécier des propositions nombreuses. Cette édition confirme l’énergie du salon, riche en transactions et nouveaux acheteurs.

PARIS - La visite de Paris Photo ne s’organise pas de la même manière que celle de la Fiac. Les collectionneurs arrivés sur le tard à la photographie l’ont plus que jamais constaté cette année. « Une seule journée ne permet pas de tout voir », confiait un des leurs, résolu l’an prochain à étaler sa présence durant son séjour dans la capitale. Au-delà de la clarté et de la cohérence de beaucoup de stands, l’amplitude de l’offre, tant en nombre de galeries en hausse cette année (143 contre 135 en 2013) qu’en nombre d’auteurs et de pièces de qualité présentées, demandait à l’œil de prendre du repos. Périodes, genres, sujets, formats rivalisaient particulièrement en propositions cette année.

Il y avait de fait de quoi voir dans cette dix-huitième édition marquée par un retour en force des petits formats et surtout du noir et blanc, avec nombre d’inédits, de pièces rares ou de solo shows, tels ceux consacrés à Richard Hamilton (Thaddaeus Ropac), Roger Ballen (Karsten Greve), Margaret Bourke-White (Daniel Blau), Hiroshi Sugimoto (Yoshi) ou au néoréalisme polonais (Asymetria). « Après la couleur, on s’intéresse à la magie du noir et blanc », souligne Dominique Chenivesse de la galerie Gilles Peyroulet & Cie, dont le stand en offrait un beau florilège. Au stand de Fraenkel, le set des « Brown Sister in Forty Years » de Nicholas Nixon a connu à cet égard un grand succès, à l’instar des derniers portraits de Pierre et Gilles ou les dernières photographies de David Lachapelle chez Daniel Templon, qui a découvert que le public de Paris Photo pouvait faire à ces deux artistes un accueil digne de celui de « rock star ». Photographies noir et blanc ou couleur ont affirmé leurs différences sans rivalité. Aucune outrance ni scènes de sexe débridées ou érotique cependant dans les stands, comme on a pu le voir dans d’autres éditions : on devance les réactions intempestives sans s’interdire de montrer pour autant, comme chez Gagosian, les Polaroid d’études de Balthus ou les photos de famille de Will Mc Bride chez Bertrand Grimont. Les sujets sensibles étaient à rechercher ailleurs. Du côté des conflits et des dictatures passées ou actuelles très présentes dans les galeries sud-américaines : que ce soit Rolf Art (Buenos Aires), Grafika la Estampa ou AFA la nouvelle venue chilienne ou chez Kamel Mennour, Suzanne Tarasieve avec Boris Mikhailov sur la guerre en Ukraine ou la galerie Paris-Beijing avec ses huit artistes chinois réunis autour de la censure en Chine, là encore avec succès.

Un salon qui attire de nouveaux acheteurs
Paris Photo a plus que jamais le vent en poupe. Cette édition, au regard des deux heures d’attente pour entrer au Grand Palais, ne le dément pas. Au point que certains galeristes souhaiteraient que les horaires d’ouverture, tant pour les VIP que pour les visiteurs, soient revus en 2015.  Ce d’autant que de l’avis des exposants, les institutions et les collectionneurs, en particulier américains, s’étaient déplacés en plus grand nombre que lors des éditions précédentes offrant maints nouveaux visages. Des galeries parisiennes telles que Lumières des Roses, RX, Nathalie Obadia, Éric Dupont, Polka Esther Woerdehoff ou bien berlinoises telle Camera Work disent « avoir vendu plus que l’an dernier et essentiellement à de nouveaux acheteurs et institutions. » Même constat du côté de Christophe Gaillard qui présentait un solo show de Thibault Hazelzet ou de la Galerie particulière pour celui de Todd Hido, ou encore Dix9-Hélène Lacharmoise qui faisait pour la première fois son entrée à Paris Photo avec un solo show de Sebastian Riemer. « Pour la première fois, nous avons eu trois commandes de collectionneurs privés qui souhaitent que Georges Rousse réalise une installation chez eux », note Éric Dereumaux de la galerie RX. L’étalement des ventes tout au long de la durée de la foire a été une autre caractéristique de cette édition, comme la bonne réception des maîtres primitifs chez Robert Hershkowitz (Lindfield/Londres), Hans P. Kraus Jr. (New York) ou Françoise Paviot (Paris) qui présentait des pièces de Charles Nègre. « La photographie du XIXe intéresse plus de personnes qu’avant, des jeunes notamment », constate Hans P. Kraus. « On la comprend de mieux en mieux. » Pour ceux dont les ventes ne sont pas meilleures que l’an dernier tels Polaris ou In Camera, on a enregistré davantage de rendez-vous pour les jours ou semaines à venir et « un intérêt pour l’ensemble des artistes exposés. » Et pour d’autres enfin qui n’ont pas rentabilisé leur stand comme la galerie Beyond (Taipei), le bon retour des curateurs face aux pièces conceptuelles de l’artiste taïwanais Chen Shun-Chu incite son responsable à recandidater l’année prochaine.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°424 du 28 novembre 2014, avec le titre suivant : Paris Photo 2014, un grand cru

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