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ENTRETIEN

Oscar Graf, galeriste à Paris : « Londres est absolument incontournable »

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 14 octobre 2019 - 574 mots

LONDRES / ROYAUME-UNI

Le jeune marchand parisien Oscar Graf ouvre prochainement un espace à Londres tout en conservant sa galerie rue de Seine.

Oscar Graf. © Photo Olivier Rycke, septembre 2019
Oscar Graf
© Photo Olivier Rycke, septembre 2019
Quelle est votre spécialité ?

Les arts décoratifs du tournant du siècle, fin XIXe et début XXe, principalement en France, Angleterre et États-Unis. Cela englobe tout ce qui correspond à la façon de vivre à la veille de la Première Guerre mondiale. C’est une période fascinante, car c’est le moment où la société occidentale change profondément : sa manière de vivre, d’être servie, de s’habiller, de décorer, de se meubler… Le dernier âge d’or, c’est 1914. Les grands noms ? Christopher Dresser et Charles R. Mackintosh pour l’Angleterre. Hector Guimard et Jean Carriès en France.

Quel est votre parcours ?

J’étais plutôt destiné à une carrière musicale. Mais les choses se sont accélérées car mon entourage était extrêmement porté sur le monde des arts. Les gens que je fréquentais depuis l’enfance étaient des marchands, des enfants de marchands et de grands collectionneurs. Ceci m’a un peu rattrapé ; j’ai ouvert ma première galerie en mars 2011, quai Voltaire, puis j’ai déménagé 15 rue de Seine, en mars 2013.

Pourquoi avoir choisi d’ouvrir un espace à Londres ?

Ça a toujours été un rêve. C’est une ville que j’adore. Et si la galerie représente des pièces de pas mal de pays, 70 % de mes objets ou thèmes abordés concernent l’Angleterre. Ma clientèle est composée à peu près de 50 % de collectionneurs privés anglais et 50 % de musées américains, la part de clients parisiens étant très petite. Depuis que j’ai participé à la foire internationale TEFAF Maastricht en mars 2018, j’ai le sentiment qu’un cap a été franchi : la proportion de musées avec lesquels nous travaillons est devenue très importante. En un an et demi, j’ai peut-être vendu à une douzaine de musées différents. Et maintenant que Paris est malheureusement devenue moins centrale pour le marché de l’art, Londres est absolument incontournable, en particulier pour les collectionneurs et les conservateurs venus des États-Unis.

Pourquoi s’installer à Londres juste avant le Brexit ?

S’installer à Londres, ce n’est pas donné. J’attendais d’avoir un peu d’argent et de trouver la bonne occasion, qui s’est finalement présentée récemment : un de mes clients, dont j’avais toujours admiré les bureaux, a déménagé. Il m’en a informé et je lui ai dit que je reprenais l’espace, de 85 m2, situé au premier étage du 23 Mount Street, en plein cœur de Mayfair. 99 % de mes clients anglais habitent à moins de 150 m de là. C’est l’endroit, la taille et le style parfait, puisque les parquets, cheminées et moulures ont été conservés. Côté Brexit, ça commence tout juste à m’inquiéter. De toute façon, j’ai déjà perdu tout ce que je pouvais perdre dans cette histoire : travaillant beaucoup en livres sterling – tant à l’achat qu’à la vente –, elle a baissé de 10 % en quelques heures après le vote du Brexit et de 30 % depuis. Je vends beaucoup à des Anglais, donc demain, je l’espère, ils seront toujours anglais et toujours passionnés par les arts décoratifs anglais ! Ce qui va être compliqué, ce sont les échanges entre la France et l’Angleterre. S’il n’y a pas d’accord, il pourrait y avoir une TVA à l’importation assez forte, mais pour l’instant, c’est difficile de se projeter. En tout cas, le moment de déménager à Londres avec ma famille n’est pas encore venu. Je vais y aller une fois par semaine.

La galerie d'Oscar Graf à Londres. © Photo Erkan Mehmet/Replicart.
La galerie d'Oscar Graf à Londres.
© Photo Erkan Mehmet / Replicart

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°530 du 4 octobre 2019, avec le titre suivant : Oscar Graf, galeriste à Paris : « Londres est absolument incontournable »

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