Les œuvres du peintre qui malmenait la matière pour mieux faire surgir la vivacité de ses images sont présentées à la galerie Dina Vierny.
Paris. Au printemps 1998, Michel Haas (1934-2019) avait eu une importante exposition à la Fondation Dina Vierny-Musée Maillol. Il était le premier artiste vivant à y exposer. À l’époque, Alexandre et Pierre Lorquin (les petits-fils de Dina Vierny et les fils d’Olivier Lorquin longtemps directeur de la galerie homonyme) étaient âgés de trois et cinq ans. « Nous étions trop jeunes pour nous en souvenir mais, comme nous avons grandi au musée, nous en avons toujours entendu parler. Puis nous avons revu ses œuvres lors de la présentation de la collection Jan Krugier en 2005 à la fondation. Michel Haas est un artiste qui nous a marqués », raconte Alexandre Lorquin. Les deux frères qui ont repris la galerie il y a deux ans et qui s’occupent désormais de la succession de l’artiste attendaient une opportunité. Elle s’est présentée avec la sortie du film On a eu la journée bonsoir réalisé par la cinéaste et femme de l’artiste, Narimane Mari-Haas, actuellement projeté aux cinémas Saint-André des Arts et à l’Entrepôt, à Paris.
Avec quinze œuvres datées de 1978 à 1995 (dont la plupart jamais montrées), la sélection est d’autant plus notable que cela fait une quinzaine d’années que Michel Haas n’avait pas eu d’exposition conséquente, de surcroît avec la fermeture de ses deux galeries attitrées, Jan Krugier à Genève (en 2008) et Di Méo à Paris (en 2013).
L’ensemble ici réuni rappelle sa technique si particulière qui, dans son grand atelier entièrement vide et froid (il n’y avait pas de chauffage) le voyait piler sur le sol des pastels avec lesquels il dessinait ensuite à mains et doigts nus ses figures sur des papiers préalablement mouillés. Mais même si la matière a toujours été très importante pour Michel Haas, elle n’a jamais été une fin en soi. « La matière est là pour que la peinture respire, fonctionne, pour que ça pleure et que ça rit », nous avait-il confié. Elle est ainsi un moyen, une matrice pour faire surgir le sujet. Car, dans ses œuvres, ce qui importe avant tout c’est l’image. L’image de la vie à travers ces personnages, seuls ou en couple, qu’en véritable piéton parisien, il croisait dans les rues, qu’il saisissait au vol et sur le vif pour immobiliser le moment d’un baiser, d’une errance solitaire, d’une rencontre ou d’une accolade. Michel Haas a toujours eu l’art d’immortaliser ces instants, de fixer leur fugacité, de saisir leur émotion en la gravant dans ses papiers en lambeaux qu’il craquelait, creusait et retournait comme un champ de terre, pour aller y chercher la vibration, la force, l’intensité de la représentation.
Entre 8 000 euros pour le plus petit format (31 x 27,6 cm) et 30 000 euros pour le plus grand (171 x 64 cm), les prix sont élevés. Mais il ne faut pas oublier qu’à ses heures de gloire, à la fin des années 1990, ses œuvres valaient déjà 200 000 francs, soit à peu près le même prix qu’aujourd’hui. En outre, Di Méo et Jan Krugier l’avaient fait entrer dans d’importantes collections. « Nous sommes dans un marché coup de cœur, avec des œuvres rares », explique Alexandre Lorquin.
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Michel Haas de cœur
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°612 du 26 mai 2023, avec le titre suivant : Michel Haas de cœur