Analyse

Les tops et les flops de la quinzaine

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 3 novembre 2010 - 488 mots

Au terme du marathon parisien de la FIAC, chacun effectue son petit bilan personnel, se remémore les rendez-vous ratés et les étincelles.

Jouant sur le mystère et l’attente, l’installation parisienne de Larry Gagosian s’est révélée frustrante. Frustrant de voir tout d’abord l’État français s’aplatir devant le galeriste new-yorkais en lui décernant hâtivement les insignes de la Légion d’honneur. Une récompense qui décidément ne signifie plus rien… Le marchand carnassier, qui s’est présenté dans le quotidien britannique Financial Times comme un « gars simple, sans prétentions intellectuelles », a inauguré son espace rue de Ponthieu, à Paris, avec une exposition bien décevante de peintures récentes de Cy Twombly. L’artiste américain ne semble plus avoir grand-chose à dire, comme le suggérait déjà le plafond réalisé l’an dernier au Musée du Louvre. Les amateurs de la première heure de Twombly trouvaient davantage de plaisir devant les œuvres anciennes que présentait, à la FIAC, le galeriste allemand Karsten Greve. Pour sa première participation à la foire, Gagosian, qui néglige habituellement ses accrochages de stand, a fait des efforts en choisissant une thématique, les femmes, et une scénographie, assurée par India Mahdavi. Paris vaut bien un écrin, mais les œuvres gardées par des vigiles n’avaient rien de bien affolant. Ironiquement, à l’autre bout du Grand Palais où se déroulait l’événement, un autre stand jouait lui aussi sur les aplats de couleurs, celui de la galeriste parisienne Claudine Papillon, avec un projet de Michael Craig-Martin, un artiste de… Gagosian !

Les heureuses surprises du moment sont venues de deux outsiders. Tout d’abord de Steve et Chiara Rosenblum et de leur collection jusque-là connue d’une poignée de spécialistes. Ambitieuse sans être arrogante, celle-ci se déploie dans un fabuleux espace de 1 500 mètres carrés rue du Chevaleret (13e arr.), une de ces superficies inimaginables au cœur de Paris. Monté ces cinq dernières années, l’ensemble respire la curiosité et la passion. Et les collectionneurs ne se contentent pas d’aligner des pièces. Ils ont ainsi passé des commandes spectaculaires à Matthew Day Jackson et Loris Gréaud. Un lieu magique à suivre de très près. Il est aussi des événements qui ont un supplément d’âme. Ce fut le cas de YIA Fair, dernière-née des foires off autour de la FIAC montée en à peine trois semaines. Elle a d’abord permis de découvrir un lieu, la Cartonnerie (11e arr.), qui a su garder l’esprit d’un ancien atelier d’artisan sans céder au pittoresque. Très lisible, l’accrochage laissait respirer les œuvres. Et, une fois encore, cette opération a souligné l’intérêt des créateurs français, déjà plébiscités par les prix Ricard et Marcel Duchamp, tout comme l’association possible entre grands et jeunes marchands parisiens : entre un Emmanuel Perrotin présentant une œuvre des Kolkoz et la galerie Dix9 une vidéo de Marion Tampon-Lajarriette, entre Olivier Robert montrant Élodie Lesourd et Michel Rein dévoilant Elisa Pône. C’est bien l’union de toute la chaîne artistique qui, l’espace d’une semaine, a fait la force de Paris.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°334 du 5 novembre 2010, avec le titre suivant : Les tops et les flops de la quinzaine

Tous les articles dans Marché

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque