Tour des galeries

Les bourgeons du design

Par Christian Simenc · Le Journal des Arts

Le 18 octobre 2011 - 676 mots

Trois enseignes de design à Paris déploient avec audace les pièces d’une douzaine de jeunes créateurs, français et étrangers.

En automne, c’est le printemps du design. Nombre de marchands parisiens exhibent, en effet, la production d’une nouvelle génération de designers. Ainsi, la Galerie Gosserez présente « Pygmalion », exposition réunissant quatre jeunes créateurs qui ont pour point commun d’être des collaborateurs de designers déjà reconnus : Alfredo Da Silva (chez Noé Duchaufour-Lawrance depuis deux ans), Piergil Fourquié (chez Arik Levy depuis six ans), Thibaud Klepper (chez Patrick Norguet depuis quatre ans) et Julie Pfligersdorffer (chez Pierre Charpin depuis deux ans). La « lampe-table » Cahute de Piergil Fourquié – 1 800 euros pièce, éditée en 15 exemplaires – est une structure en métal satiné surmontée d’un « toit » de feutre surpiqué qui lui donne effectivement l’aspect d’une minuscule cabane. Mobile, sa lampe peut être placée sur ou sous ledit « toit », générant ainsi une lueur vive ou plus tamisée. Avec Taille douce, Thibaud Klepper explore, lui, la taille du granit noir. Ses tables d’appoint – trois modèles à 2 700, 2 800 et 2 900 euros pièce, édités chacun en 12 exemplaires – arborent des plateaux gravés dont les motifs s’inspirent des jeux de stratégie incrustés sur les tables des jardins publics. De son côté, Julie Pfligersdorffer a conçu la bibliothèque Entre les branches – 4 exemplaires, 4 200 euros pièce – en disposant de minces étagères métalliques sur un épais bloc en chêne massif. Le télescopage visuel entre la précision de l’acier et la présence quasi solennelle du socle de bois est saisissant.

La galerie Ymer & Malta propose quant à elle une monographie de Benjamin Graindorge, intitulée « Morning Mist ». L’ensemble des pièces semble faire des clins d’œil appuyés à dame Nature. Mis à part un banc mi-industriel (un pied en verre borosilicate) mi-naturel (un pied en branches récupérées dans la campagne), le designer se concentre sur les luminaires : de la lampe en verre soufflé s’inspirant d’un nuage – 6 000 euros – à un Skylight mural – 8 000 euros –, sorte de tableau à fond lumineux, en passant par deux photophores en biscuit et en forme de flammèche – 6 000 euros pièce. La multitude de dessins ici déployés montre une indéniable virtuosité graphique, laquelle se délaye néanmoins quelque peu au moment du passage de l’esquisse au volume. Hormis le banc, fabriqué à la commande, toutes les pièces sont tirées à 12 exemplaires.

Canapé chenille
À la ToolsGalerie enfin, ce ne sont pas moins de six « Jeunes Pousses » – c’est le titre de l’exposition –, déjà diplômés ou en passe de l’être, qui s’avancent sur le devant de la scène. L’applique 2084 de Geoffroy Gillant – 3 600 euros pièce – se tortille de multiples manières grâce à son câble électrique pensé non pas comme un simple « fil qui pend », mais comme élément à part entière du luminaire.

Transformation toujours, avec l’amusant bureau Outils de Vincent Loiret – 7 800 euros, édité en 8 exemplaires –, conçu tel un établi d’ébéniste. Son plateau, perforé à souhait, permet à l’utilisateur de repositionner à l’envi et de moult manières les « accessoires » qui le compose (écritoire, lampe, marque-page…), lesquels peuvent être achetés également séparément. Métamorphose enfin, avec le Sofa XXXX – 17 000 euros pièce – imaginé par le Japonais Yuya Ushida à partir d’un astucieux système de baguettes de bambou, d’anneaux métalliques et de joints. Cette assise étonnante s’allonge comme une chenille et passe en un tour de main du siège individuel au canapé trois places. Une répétition méthodique d’un même principe technique qui n’est pas sans raffinement.

BENJAMIN GRAINDORGE, « MORNING MIST », jusqu’au 12 décembre, galerie Ymer & Malta, 44, rue de la Condamine, 75017 Paris, tél. 01 58 59 15 90.

PYGMALION : ALFREDO DA SILVA, PIERGIL FOURQUIÉ, THIBAUD KLEPPER ET JULIE PFLIGERSDORFFER, jusqu’au 22 octobre, Galerie Gosserez, 3, rue Debelleyme, 75003 Paris, tél. 06 12 29 90 40.

JEUNES POUSSES : MAELAN DELAMBRE, GEOFFROY GILLANT, VINCENT LOIRET, AMBA MOLLY, DIMITRIS STAMATAKIS ET YUYA USHIDA, jusqu’au 29 octobre, ToolsGalerie, 119, rue Vieille-du-Temple, 75003 Paris, tél. 01 42 77 35 80.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°355 du 21 octobre 2011, avec le titre suivant : Les bourgeons du design

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