Art contemporain

Le rendez-vous d’Art Basel à Miami Beach

Après plusieurs années d’éparpillement, Art Basel Miami Beach, prévue du 3 au 6 décembre, recentre ses secteurs

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 25 novembre 2009 - 739 mots

Événement incontournable de l’hiver pour tous les acteurs du marché, Art Basel Miami Beach tentera de faire oublier son démarrage en demi-teinte de l’an dernier. Malgré quelques absences notables, les marchands, parmi lesquels de nombreux nouveaux venus, se disent confiants. Le recentrage qualitatif de la foire devrait leur donner raison.

MIAMI BEACH - L’an dernier, les exposants d’Art Basel Miami Beach ont retenu leur souffle lors du vernissage, tant les allées sont restées désespérément vides durant plusieurs heures. Les collectionneurs avaient décidé de prendre leur temps plutôt que de se ruer sur l’art. Qu’en sera-t-il cette année ? « J’ai un sentiment positif, confie le galeriste Thaddaeus Ropac (Paris, Salzbourg). Les Américains n’étaient pas encore prêts à dépenser à Frieze [Londres] et à la FIAC [Paris], mais ils le seront à Miami. Ils voient l’Europe avancer, continuer à acheter, et ils ont le sentiment qu’ils ratent quelque chose. » Cette confiance semble partagée par les nouveaux exposants français, comme Daniel Templon (Paris) ou Frank Elbaz (Paris), lequel rejoint la section « Art Nova » avec Wallace Berman et Kaz Oshiro. De leur côté, les hôtels de Miami Beach, qui avaient tendance à tondre la laine sur le dos des visiteurs, semblent revenus à une politique tarifaire moins cupide pour attirer le chaland. « L’Amérique est depuis la Seconde Guerre mondiale le plus grand marché d’art contemporain au monde, martèle pour sa part Marc Spiegler, codirecteur de la foire. Les États-Unis ne se résument pas à New York. Il existe des collections fortes à Dallas, Philadelphie, Boston, Los Angeles. Miami, c’est aussi l’Amérique latine, et l’on attend beaucoup de nouveaux collectionneurs en provenance d’Argentine, du Brésil et du Mexique. » Malgré tout, plusieurs galeries ont déclaré forfait, comme Donald Young (Chicago), lequel réduit la voilure de ses activités, ou Sprüth Magers (Berlin, Londres), en raison de son déménagement de Cologne à Berlin.

    Cette année, le mot d’ordre général est au recentrage. D’anciens exposants d’« Art Nova », comme Kamel Mennour (Paris) ou Stefania Bortolami (New York), ont été promus dans la section principale. L’inutile section « Super Nova », créée il y a deux ans, a été heureusement supprimée. Les organisateurs ont enfin compris que le concept d’« Art Positions » était d’autant plus éculé que les conteneurs souffraient d’un déficit de visibilité. Aussi ce secteur a-t-il été rapatrié au beau milieu du salon. « Ce sont les plus jeunes galeries qui prennent le plus de risques. On a la responsabilité de leur donner plus de visibilité », souligne Marc Spiegler. Bischoff Weiss (Londres) y présentera une exposition personnelle de Nathaniel Rackowe, tandis que Sutton Lane (Londres) fait dialoguer Reena Spaulings et Marcel Broodthaers. Le nombre des expositions thématiques dans les « Art Kabinett » est passé de dix-sept en 2008 à vingt-huit cette année, signe que les galeries se concentrent sur les idées et les projets. Ursula Krinzinger (Vienne) orchestre une mini-exposition autour de Fluxus, tandis que Gmurzynska (Zurich) montre des « Aspects du Pop Art ». Le salon, enfin, a lancé une nouvelle plateforme, « Oceanfront », regroupant les Conversations, les Films d’artistes et deux soirées dédiées à la vidéo. Les vieux filons hédonistes ont-ils fait leur temps ? Rien n’est moins sûr.

Rosa de la Cruz ouvre un espace
La collection de Rosa de la Cruz s’arrime à un nouveau bâtiment de trois étages dans le Design District de Miami. « Depuis quinze ans, ma maison était devenue un lieu public ; deux à trois fois par semaine, je voyais arriver de parfaits inconnus chez moi, et j’aimais ça. À Miami, les gens ont faim d’art, rappelle Rosa de la Cruz. Je ne veux pas d’une collection qui sommeille dans des caisses. Les musées à Miami sont encore jeunes et ne disposent pas de grands espaces d’exposition. Le nouveau lieu me permettra aussi d’y voir plus clair dans ce que j’ai. » Doté d’une bibliothèque mise à la disposition des étudiants, cet espace ne portera toutefois pas le nom des de la Cruz. « Pas de nom, pas de pancarte, tranche la collectionneuse. Je veux que ce soit un don fait à la communauté. Les étudiants de New York ont beaucoup d’endroits où ils peuvent aller pour leurs recherches. Ce n’est pas le cas de ceux de Miami. » L’accrochage inaugural mettra en scène des créateurs chers à la communauté latino-américaine, comme Felix Gonzalez-Torres ou Ana Mendieta, mais aussi des découvertes telle l’artiste polonaise Paulina Olowska.

ART BASEL MIAMI BEACH, 3-6 décembre, Miami Beach Convention Center, Miami Beach, Floride, www.artbaselmiamibeach.com, les 3, 4 et 5 décembre 12h-20h, le 6 décembre 12h-18h.

ART BASEL MIAMI BEACH
Directeurs : Marc Spiegler et Annette Schönholzer
Nombre d’exposants : plus de 250
Tarif des stands : 560 dollars le mètre carré (section générale)
Nombre de visiteurs en 2008 : 40 000

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°314 du 27 novembre 2009, avec le titre suivant : Le rendez-vous d’Art Basel à Miami Beach

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