C’est une saga judiciaire qui n’a sûrement pas profité à la notoriété de l’artiste. Mais elle a fait jurisprudence en matière de droit d’auteur.
Après la mort de Bonnard, sans descendance, en 1947, ses héritiers se livrent à une bataille judiciaire pour mettre la main sur l’héritage du peintre. Car, alors que l’épouse de Bonnard, Marthe, lui avait toujours assuré ne pas avoir de famille, l’ouverture de sa succession révèle l’existence de quatre nièces. Fallait-il s’attendre à autre chose de la part de celle dont le peintre a appris la véritable identité le jour de son mariage ?
Des années de procès suivront, mettant en jeu une fausse déclaration de succession rédigée par le peintre à l’initiative de son notaire peu après la mort de Marthe. Cela afin d’éviter de perdre les œuvres de son atelier.
Intervient alors un personnage inattendu. Comme il l’a raconté dans ses Mémoires (1), le marchand d’art Daniel Wildenstein flaire la bonne affaire. Alors que les Terrasse, héritiers du côté de Bonnard, ont perdu en première instance, il leur rachète leurs droits pour 1 million de dollars et prend à son compte le contentieux. Et ce sera le coup de théâtre. En plaidant le droit moral du peintre sur son œuvre, le marchand gagne la partie et se retrouve propriétaire de la totalité des peintures de l’atelier, à l’exception de 25 tableaux. S’il fait don de plusieurs œuvres à la famille, 180 tableaux, « les plus beaux, les plus magnifiques » comme le précise le marchand dans son livre, sont depuis partis dans les obscurs trustees de la famille Wildenstein. Pas sûr qu’ils donnent lieu, un jour, à une dation Wildenstein en faveur du Cannet.
(1) Yves Stavrides, Daniel Wildenstein, Marchands d’art, 1999, éd. Plon.
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Le procès Bonnard
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°351 du 8 juillet 2011, avec le titre suivant : Le procès Bonnard