La galerie Marian Goodman présente les photographies sur l’univers de la recherche de l’artiste allemand.
Paris. Depuis l’exposition du Centre national de la photographie (CNP) en 1999 et celle de la galerie Marian Goodman dans ses espaces parisiens en 2003, Thomas Struth (né en 1954) n’a fait l’objet d’aucune monographie en France. Seules des expositions collectives ou de collections privées, et les foires d’art contemporain, ont permis de suivre par petit bout son travail. À moins que l’on ait pu voir la rétrospective du photographe allemand, organisée au Guggenheim de Bilbao en 2019 [cf. JdA 531], ou « Nature & Politics », exposition itinérante présentée deux ans plus tôt au Museum Folkwang à Essen, axée uniquement sur son travail sur les lieux de recherches industrielles et scientifiques de pointe dans le monde. C’est d’ailleurs ce titre qui est repris pour l’exposition « Thomas Struth » à la galerie Marian Goodman, à Paris, compte tenu du choix de présenter quelques photographies récentes et peu montrées, voire inédites de ce corpus d’œuvres, aux premières pièces réalisées en 2007, et qui s’achève avec celles faites ces cinq dernières années au Centre européen pour la recherche nucléaire (Cern).
C’est peu dire que les quatre photographies panoramiques, frontales, neutres et dénuées de personnes de plusieurs mètres de long d’infrastructures scientifiques imposent leur présence autant par leur échelle monumentale que par leur esthétique et les multiples composantes qu’elles livrent de ces lieux, placés sous haute surveillance. L’innovation et l’expérimentation engendrent des esthétiques et des paysages qui leur sont propres. Comme dans son travail sur les villes qui s’intéressait à l’organisation des bâtiments et des voies de circulation, Thomas Struth explore et analyse ce monde de la science et de la recherche à travers sa structuration spatiale et ses équipements techniques et scientifiques en tant que sculptures et expressions de l’esprit.
Face à ces espaces voués à l’étude des origines de l’univers, on perçoit que se joue aussi une autre dimension plus existentielle et interrogative sur le progrès et ce qu’il génère. Ce que corrobore la série des « Conteneurs », photographies de bien plus petite dimension sur les matériaux et objets mis au rebut, mais conservés, réalisés en 2023 également au Cern. Ce point de vue tout aussi esthétique et énigmatique de ce que ce type de lieux produit, mais là en déchets, invite d’ailleurs à revenir sur l’objet de « Nature & Politics » : enquête sur les structures cachées de contrôle, de pouvoir et d’influences exercées par les technologies avancées.
En parallèle de ces photographies du Cern, sont présentés des portraits de cadavres d’animaux sauvages, à la mort naturelle objet d’études de l’Institut Leibniz de recherche zoologique et faunique de Berlin. Entreprise en 2016 après le décès de son père, et menée dans la tradition du Memento Mori, cette série, Thomas Struth la poursuit avec des images troublantes, tel ce tigre de Sumatra à l’état de repos. Des pièces en éditions de six, aux prix fixés entre 20 000 et 90 000 euros et à 48 000 euros pour les Conteneurs, bien en deçà du premier prix à 180 000 euros des photographies du Cnes.
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Le monde scientifique selon Thomas Struth
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°636 du 21 juin 2024, avec le titre suivant : Le monde scientifique selon Thomas Struth