Ventes aux enchères

Le mobilier français à l’honneur

Trois grandes ventes se tiennent à Paris les 23 et 26 mars

Par Éric Tariant · Le Journal des Arts

Le 19 mars 1999 - 747 mots

Des meubles de François Linke, Jean-François Leleu, Louis Moreau et Jean Avisse figurent au programme des trois grandes ventes de mobilier français organisées à Paris par les études Piasa et Millon le 26 mars, et l’étude Tajan le 23.

PARIS - Des branches de chêne et de pommier s’enroulent autour de quatre pieds reposant sur un socle en marbre vert de mer. Un amour s’y appuie pour frapper sur la cloche du temps, et le soleil regarde en souriant le travail de l’enfant. Ce surprenant régulateur de parquet de forme violonnée, en placage de palissandre, est l’œuvre de François Linke. Il a été exécuté pour l’Exposition universelle de 1900 (est. 1,2-1,5 million de francs). Né en Autriche en 1855, Linke s’est installé à Paris vers 1832 où il a exercé jusqu’à sa mort, en 1946, au 170 rue du faubourg Saint-Honoré. Ses meubles alliant le style Louis XV au rococo allemand ont été salués par les amateurs de l’époque, comme par les organisateurs de l’Exposition universelle qui lui ont décerné leur médaille d’or. Le rapport du jury est élogieux : “Dans la tradition des Messonnier et des Caffieri, un nouveau venu parmi les exposants, Monsieur Linke, a exécuté une série de meubles. Un véritable tour de force a été réalisé, en ce sens que sous l’amas de tant de richesses, les lignes n’ont pas été trop écrasées et qu’elles ont gardé leur unité et leur svelte allure.”

Dans cette vacation du 26 mars organisée par l’étude Piasa, l’expert Guillaume Dillée présentera également un groupe en bronze finement ciselé et sculpté à la fin du XVIIIe siècle dans le goût d’Antoine Susini (est. 180-200 000 francs). Cette pièce à patine brune représentant le taureau Farnèse d’après l’antique a été sculptée à partir d’un marbre découvert en 1545 dans les thermes de Caracalla à Rome. Dès 1546, elle a été conservée au Palais Farnèse, puis au Musée national de Naples. Le thème de cette sculpture a été traité en bronze patiné, notamment par Antoine Susini (mort en 1624), mais aussi par Adrien de Fries (1545-1629) et François Righetti. L’étude Piasa dispersera en outre un bureau plat rectangulaire, début d’époque Louis XV, en placage de bois de violette (120-150 000 francs), une suite de quatre fauteuils à dossier plat mouvementé en noyer mouluré et sculpté (100-120 000 francs), et un meuble d’apothicaire Empire de forme ronde, simulant une grande colonne, en acajou et placage d’acajou à fronton débordant, attribué à Jacob Desmalter (80-100 000 francs).

Jean-François Leleu, Louis Moreau et Jean Avisse
Le 26 mars toujours, au sein d’une vente de tableaux anciens et de mobilier, l’étude Millon & Associés proposera notamment une très belle commode, époque Régence, en placage de satiné dans des encadrements d’ébène et incrustations de filets de cuivre, aux riches ornementations de bronze (200-300 000 francs), une table tambour en placage à réserve de bois ronceux dans des entourages de bois de rose, ouvrant à trois tiroirs à ceinture dissimulés par un volet tournant, travail de Hache, XVIIIe siècle (100-120 000 francs), et une paire de vases boule couverts formant pot pourri en porcelaine à décor bleu et blanc, Chine XVIIIe siècle, monture en bronze ciselé doré époque Régence (200-300 000 francs).

L’étude Tajan organisera de son côté, le 23 mars, rue des Mathurins, dans le cadre de ses ventes de prestige, une vacation comportant un riche ensemble de meubles et d’objets d’art, parmi lesquels figure une importante commode rectangulaire en placage de bois de rose marqueté attribuée à Jean-François Leleu (400-600 000 francs). Ses larges proportions, la position des tiroirs – deux tiroirs sans traverse, plus un rang – sont caractéristiques des commodes de cet ébéniste, formé dans l’atelier d’Œben, qui obtint sa maîtrise en 1764. Une autre commode, de style Transition, est estampillée Louis Moreau, également reçu maître en 1764. Ce meuble galbé, en laque à l’imitation de la laque de Chine à décor de scènes de personnages, date probablement de la fin des années 1760. On retrouve le même modèle dans les collections de Waddesdon Manor, près de Londres. À noter encore, une paire de fauteuils en bois redoré à dossier mouvementé, estampillés Jean Avisse, présentant de larges moulures soulignées par la sculpture de motifs floraux (600-800 000 francs). Parmi les porcelaines, on notera un important service à décor polychrome, dit “à la Pompadour”, de la Compagnie des Indes, époque Quienlong, vers 1745, qui comprend une paire de terrines rondes couvertes, une série de quinze assiettes, des plats, tasses, soucoupes, sucrier et verseuses.

Thématiques

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°79 du 19 mars 1999, avec le titre suivant : Le mobilier français à l’honneur

Tous les articles dans Marché

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque