PARIS - Le design contemporain a largement dominé la 16e édition parisienne du Pavillon des arts et du design (PAD),organisée du 28 mars au 1er avril au jardin des Tuileries.
Après l’affluence des vernissages successifs, les allées du salon parisien le plus branché de la semaine ont également été très fréquentées le week-end, accueillant une clientèle de particuliers aisée, de décorateurs et d’architectes. Les résultats commerciaux ont été globalement très satisfaisants. Pour la Carpenters Workshop Gallery (Londres, Paris), l’édition fut un bon cru : un bureau de Vincent Dubourg, un dôme lumineux de Mathieu Lehanneur, un canapé en cuir capitonné de Robert Stadler revisitant le modèle Polaire de Royère et plusieurs pièces de Nendo (luminaires « Farming-Net » et tables basses en métal laqué blanc et verre) sont rapidement partis. Pour sa deuxième participation au PAD, Maria Wettergren (Paris), spécialiste du design scandinave contemporain, s’est vu attribuer le « Prix du stand ». Elle a cédé des coupes en verre du Danois Tora Urup, des lampes du Finlandais Harri Koskinen, une chaise longue formée de deux lamelles de noyer cousues par le Danois Erling Christoffersen et une version en résine et argent pur de la Cellular Chair de Mathias Bengtsson. Les trois designers présentés par la galerie NextLevel (Paris) ont connu un égal engouement, que ce soit avec le mobilier construit à partir de tubes et connecteurs en laiton du Canadien Philippe Malouin ; les objets hybrides (lampe-miroir, meuble-tapis) de Bina Baitel ou les surprenants masques-sculptures géants à poser au sol de José Levy, en résine et paille tressée japonaise (igusa), inspirés du théâtre Nô et pouvant servir d’assises.
Un lustre de 8 m
Concernant les arts décoratifs historiques du XXe siècle, une poignée de galeries de bon niveau affichaient des résultats commerciaux inégaux. Pour sa première participation au PAD parisien, Willy Huybrecht (Paris) ne s’est pas trompé en proposant une quinzaine de meubles Art déco gainés de galuchat par Dominique. Il en a vendu onze dont six le soir du pré-vernissage. L’ambiance était toujours autant scandinave chez Franck Laigneau, qui a obtenu le prix de « l’objet du Pavillon » pour la chaise vert d’eau au décor symboliste par l’architecte finalandais Yrjö Blomstedt : une première paire a été retenue par Guy Cogeval pour le Musée d’Orsay, la seconde a été emportée par un amateur français. Le marchand parisien a aussi cédé une frise en toile de lin scandinave de douze mètres décorée de motifs stylisés néo-égyptiens ; un tableau du peintre suédois Pelle Swedlund et une lampe de Moritz Hacker.
Ont été chinés dès le premier jour un plafonnier de Gino Sarfatti, une tapisserie de Fernand Léger, une paire de fauteuils d’Arne Jacobsen et une paire de chaises de Carl-AxelAcking sur le stand de la galerie Modernity (Stockholm). François Laffanour (galerie Downtown, Paris), qui, pour une fois, n’était pas venu avec des pièces signées Prouvé ou Perriand, a plongé le visiteur dans l’univers baroque doré de Garouste & Bonetti en reconstituant une chambre complète réalisée sur mesure en 1990. L’ensemble comprenant un incroyable lustre de huit mètres de long en forme de glycine a rapidement été dispersé, élément par élément, auprès de collectionneurs contemporains. Le succès a moins été au rendez-vous pour Oscar Graf (Paris), qui faisait pourtant une belle présentation muséale de chaises et fauteuils de créateurs européens majeurs de la période 1870-1910. Hormis le coup de cœur d’un architecte pour une chaise de 1912 par Frank Lloyd Wright, ses acheteurs ont été ses clients habituels. Même déception pour le promoteur du design français des années 1950 Pascal Cuisinier (Paris), qui avait aussi choisi une présentation soignée de sièges et de lampes historiques alignés sur deux niveaux.
Des meubles pour socles
Selon Patrick Perrin, organisateur du PAD, « ce salon n’est pas fait pour présenter des œuvres comme au Musée des arts décoratifs. La mise en scène des objets est importante. Les gens ont besoin d’ambiance pour apprécier ». Si les galeries d’art ne tenaient pas le premier rôle au PAD, la très belle exposition sur l’artiste abstrait américain Robert Motherwell à la galerie Hopkins (Paris) a porté ses fruits. Jouant pour la première fois la carte du design, la galerie d’art tribal Flak (Paris) a opté intelligemment pour une scénographie où masques, statuettes, boucliers et autres objets d’Afrique, d’Océanie et d’Amérique du Nord reposaient sur des meubles au lieu de socles. Elle a vendu dans le quart d’heure suivant l’ouverture du salon une table basse en bois blond du designer brésilien José Zanine Caldas, ainsi que deux consoles en acier, laiton et verre que la galerie avait fait réaliser spécialement par le décorateur Jean-Louis Boulitte.
Nombre de visiteurs : 45 000 (comme en 2011)
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Le design prend le PAD
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°367 du 13 avril 2012, avec le titre suivant : Le design prend le PAD