PARIS
Benoit Sapiro et Alain Le Gaillard dressent un panorama de l’art biomorphique, une tendance artistique qui traverse les courants et regroupe des artistes de la première moitié du XXe siècle issus de divers horizons.
Paris. Benoit Sapiro (galerie Le Minotaure), en collaboration avec Alain Le Gaillard se sont lancés dans une importante exposition sur le biomorphisme de 1920 à 1950. Un vaste programme tant par la qualité que par le nombre d’œuvres présentées. « Depuis quelques années, ce thème me trottait dans la tête. La rencontre avec l’historienne de l’art Guitemie Maldonado a été décisive », raconte Benoit Sapiro. Spécialiste du sujet et auteur de l’ouvrage Le cercle et l’amibe : le biomorphisme dans l’art des années 1930, elle est également à l’origine des textes de l’important catalogue qui accompagne l’exposition.
Qu’est-ce que l’art biomorphique (du grec bios, la vie, et morphè, la forme) ? Si le terme « biomorphe » voit le jour au XIXe dans un ouvrage de zoologie, en matière d’art, il est employé plus communément au milieu des années 1930. Alfred Barr y fait référence en 1936 lors de l’iconique exposition « Cubism and Abstract Art » qu’il organise au MoMA de New York. Dans le texte du catalogue, il oppose deux mouvements dans l’art abstrait de l’époque : « L’art géométrique et l’art non géométrique ou biomorphique », qu’il décrit comme étant organique, curviligne et décoratif. Le vocable de biomorphisme regroupe ainsi des formes récurrentes,« ni totalement figuratives, ni totalement abstraites », souligne Guitemie Maldonado : formes issues de la nature, formes molles, cellulaires, cosmiques, organiques, végétales, animales ou encore concrétions, germinations, difformités…
Dans cette première moitié du XXe, les noms de mouvements foisonnent : surréalisme, naturalisme, pointillisme, expressionnisme, cubisme, constructivisme… « Mais le biomorphisme est le seul “-isme” qui soit transversal », précise Benoit Sapiro. En effet, il ne s’agit pas d’un groupement artistique, mais plutôt d’une tendance, puisqu’elle n’a ni chef de file ni manifeste ni exposition collective. Aussi, des artistes appartenant à différents cercles, mêmes antagonistes comme les surréalistes et le groupe Abstraction-Création, ont goûté au biomorphisme. Si Arp, Calder ou encore Miró en sont les représentants les plus manifestes – encore qu’ils aient appartenu à divers mouvements tout au long de leurs carrières respectives – d’autres comme Domela, Tutundjian, Masson, Hélion, Torres-Garcia… ont usé du répertoire décoratif du biomorphisme.
L’exposition rassemble pas moins de 54 artistes et environ 70 œuvres, pour des prix allant de 3 000 à 3 millions d’euros (Élément mécanique, 1925, Fernand Léger). Tous les médiums sont représentés : de la peinture bien sûr, mais aussi du dessin (Étude pour Voltige blanche, 1944, de Kandinsky), de la sculpture (plusieurs réalisations d’Étienne Béothy), de la photographie (Madrépore, 1924, de Brassaï), des coraux, des reliefs (Relief n° 15 A, 1939, de Domela), des solarisations (Temporalis, 1950, solarfixe de Brauner) ou encore de la microphotographie (Archétype de l’individualité. Foraminifères de Pribitz, Moravie, 1936, de Carl Stüwe).
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Le biomorphisme, un mouvement transversal
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°522 du 26 avril 2019, avec le titre suivant : Le biomorphisme, un mouvement transversal