Difficile de collectionner l’art taïno, tant il existe plus d’objets faux que de pièces authentiques. Quelques pistes pour éviter les pièges…
Largement moins connus que les Mayas, les Olmèques et les Aztèques, les Taïnos occupent cependant une place de choix dans l’histoire : ce sont ces Indiens des Grandes Antilles que Christophe Colomb rencontre en 1492 à Saint-Domingue, Haïti, Puerto Rico, Cuba et en Jamaïque. Dans les années 1990, plusieurs expositions internationales ont fait découvrir l’art taïno à un public non éclairé. Et ont aussi renforcé l’engouement des amateurs initiés pour ces objets sculptés en bois, en pierre ou en os : idoles de la cohoba, « sniffer » de cohoba, cuillères, spatules vomitives, pilons, haches, jougs, trigonolithes (pierres à trois pointes)…
La circulation de pièces douteuses est apparue sur le marché simultanément à cette reconnaissance. Or les véritables objets anciens taïnos sont d’une rareté insigne en vente publique et chez les marchands. D’ailleurs, quasiment aucun n’ose se risquer dans la commercialisation de ces objets, tellement le marché est truffé de faux. Attention aux copies tardives, authentifiées par de pseudo-experts, avec pedigree et références bidons. Aussi, il est vivement conseillé de demander plusieurs avis de spécialistes avant de s’engager. Et d’éviter d’acheter directement à un collectionneur.
Faux objets, faux prix
Il ne faut pas se faire d’illusions : l’art taïno coûte cher. Une spatule vomitive, un joug ou un duho (siège en bois dur) à quelques milliers d’euros, cela n’existe pas. C’est une fausse bonne affaire. Cela s’appelle un faux prix, que l’on associe à de faux objets. Soit une arnaque. Autre précision importante : l’art taïno s’arrête aux alentours de 1500. « Ils étaient environ un million au moment de la conquête espagnole, rapporte le catalogue de l’exposition « L’art taïno » au musée du Petit Palais (1994). Dix ans plus tard, on n’en comptait plus que dix mille. Les massacres, les maladies et le travail forcé avaient entraîné des suicides collectifs considérables. » « Vers 1550, on peut dire que les Taïnos ont disparu », soutient André Delpuech, conservateur au musée du quai Branly. Il est donc erroné de parler d’art taïno après cette date.
Maison de ventes Binoche et Giquello, 5, rue La Boétie, Paris VIIIe, tél. 01 47 42 78 01, www.binoche-renaud-giquello.com
Sotheby’s, 76, rue du Faubourg-Saint-Honoré, Paris VIIIe, tél. 01 53 05 53 05, www.sothebys.com
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
L’art taïno, vrai ou faux ?
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €L’art taïno n’est pas épargné par les faux…
Il existait très peu, voire aucun objet taïno faux au début du xxe siècle. Les choses ont changé après les célébrations de la « découverte » du Nouveau Monde en 1992. Les faussaires se sont encore plus emballés, suite à l’exposition sur l’art taïno organisée par Jacques Kerchache en 1994 au musée du Petit Palais à Paris. Ils se sont notamment servis des belles images du catalogue pour faire des copies. Les faux taïnos pullulent sur les marchés d’Haïti et de Saint-Domingue. On en retrouve dans les circuits commerciaux, y compris les ventes aux enchères.
Que l’on soit un musée ou un collectionneur, comment éviter les pièges ?
Il faut acheter des pièces bien documentées, à condition qu’elles soient référencées dans des publications anciennes, ce qui reste très rare ! Et donc choisir des œuvres possédant un « pedigree en béton ». Se méfier des tests scientifiques, tel celui du carbone 14 qui, rappelons-le, ne date que le matériau. Des fausses sculptures taïnos sont taillées dans du bois très ancien, ou dans la partie ancienne d’un arbre pluricentenaire (généralement le gaïac, un bois très dur et imputrescible).
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°631 du 1 janvier 2011, avec le titre suivant : L’art taïno, vrai ou faux ?