Christie’s

L’adieu de Berès

Par Éric Tariant · Le Journal des Arts

Le 2 janvier 2013 - 517 mots

La collection de livres, manuscrits et œuvres d’art de Pierre Berès, a atteint plus de sept millions d’euros.

PARIS - « J’ai toujours eu l’impression qu’il avait vécu plusieurs siècles et qu’il nous survivrait tous », s’amusait Marc Fumaroli, il y a quelques années, lors d’une interview évoquant son ami Pierre Berès. L’académicien se plaisait alors à le comparer au comte de Saint-Germain, brillant personnage, qui fréquentait la marquise de Pompadour et le roi Louis XV, que des rumeurs disaient immortel.

L’engouement suscité par la vente « Pierre Berès à livre ouvert », organisée les 12 et 13 décembre à Paris par Christie’s, montre que « le prince des libraires » demeure bien vivant dans la mémoire de ses innombrables amis et clients.

Né en 1913, celui-ci a fréquenté et noué des amitiés avec tout ce que le monde des arts compte de génies, de Matisse à Picasso, d’Aragon à Paul Valéry en passant par Masson, Sonia Delaunay, Raymond Queneau, Colette comme en témoignait le lot 160. Réunissant 1 900 documents – lettres, cartes, autographes, etc. – envoyés à Pierre Berès, des années 1930 aux années 1980, par plus de trois cents personnalités (dont Claude Levi-Strauss qui le remercie pour l’envoi d’orchidées « qui me transportent au cœur de la forêt amazonienne où si souvent, jadis, j’en contemplais de semblables »), cet ensemble est parti à 45 000 euros.

Une lettre de Van Gogh adjugée à 445 000 euros
Une lettre autographe d’André Masson à Pierre Berès, ornée d’un dessin du grand canal de Venise animé de gondoles (lot 300) a, elle, doublé son estimation basse à 2 875 euros.

Entamée le 12 décembre avec la section des livres, gravures et manuscrits, la vente a attiré le gotha des libraires et bibliophiles d’Europe (et des États-Unis grâce au web) venu saluer la mémoire du grand libraire qui s’était installé en 1939, avenue de Friedland, à l’ombre tutélaire de la statue de Balzac. La salle de l’avenue Matignon était noire de monde, tandis que deux cents personnes s’étaient inscrites sur Christie’s live pour enchérir à distance. La plus forte enchère est allée à une lettre autographe coécrite par Vincent Van Gogh et Paul Gauguin partie à 445 000 euros. Un manuscrit enluminé sur vélin de François Pétrarque s’est, lui, vendu 49 000 euros doublant ainsi son estimation haute.

Le 13 décembre, lors de la dispersion de la collection d’art impressionniste et moderne de Pierre Berès, un étonnant crayon sur papier de Georges Seurat, Jeune femme debout à la tête nue, a été adjugé en ligne plus d’un million d’euros à un collectionneur texan qui a acquis un autre dessin du peintre, Dans un parc, pour 1,73 million d’euros.

Tandis qu’un autoportait du peintre Avigdor Arikha, grand ami de Berès, dédicacé « Pour mes chers Annick et Pierre, amitiés 80 », partait à 10 000 euros pulvérisant la ridicule estimation basse à 300 euros accolée à cette belle aquarelle sur papier.

Pierre Berès à livre ouvert

Christie’s Paris, Les 12 et 13 décembre

- Résultats : 7,2 millions d’euros
- Nombre de lots vendus : 602 sur 662 (soit 92 %)

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°382 du 4 janvier 2013, avec le titre suivant : L’adieu de Berès

Tous les articles dans Marché

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque