Singapour - Foire & Salon

La troisième édition d’Art SG réduit la voilure

La foire de Singapour a réuni 105 galeries de 30 pays, dans une édition plus petite – près de 60 galeries de moins qu’en 2023 – et avec une offre institutionnelle renforcée.

Singapour (Asie du Sud-Est). Organisée du 17 au 20 janvier 2025 au centre d’expositions du Marina Bay Sands, le bâtiment le plus iconique de Singapour avec sa canopée juchée sur trois tours, Art SG a donné le coup d’envoi du marché de l’art en tant que première foire internationale de l’année. Le nombre d’exposants est en baisse par rapport à 2024 et 2023 qui avaient réuni respectivement 114 et 164 galeries. La fréquentation de la foire était également à la baisse, de 45 000 visiteurs en 2024 à 41 000 en 2025. Alors que le marché de l’art connaît un reflux mondial, Magnus Renfrew, cofondateur de la foire, confie que la première édition d’Art SG « offrait plus que ce que le marché pouvait absorber ». Il entend donc « maintenir le nombre de participants autour d’une centaine » et rappelle les avantages stratégiques et commerciaux de Singapour, en soulignant sa stabilité et sa neutralité géopolitique, à la veille du soixantième anniversaire de son indépendance en août 2025.

La centralité de la foire était perceptible avec la présence de nombreux autres directeurs de foires concurrentes. Cette taille doit en outre prendre en compte S.E.A. Focus, la foire lancée en 2019 par le gouvernement singapourien via le National Arts Council, qui la subventionne. Conçue comme une exposition et organisée sur une période plus longue (du 18 au 26 janvier 2025), elle ne compte pas de véritables stands, mais s’organise en espace ouvert avec des présentations d’artistes centrées sur l’Asie du Sud-Est, sous le commissariat de John Tung pour cette septième édition. Dix des 21 participants de S.E.A. Focus participent à Art SG, dont Neugerriemschneider (Berlin), Sullivan + Strumpf (Sydney, Melbourne, Singapour) et STPI (Singapour), la galerie en charge de l’organisation de S.E.A. Focus.

Un rayonnement artistique révélateur de la vitalité de la cité-État

Intégrées dans la Singapore Art Week, les multiples manifestations artistiques organisées pendant la foire témoignent de la vitalité et des ambitions clairement en hausse de la cité-État. On note ainsi, entre autres expositions, la rétrospective de Kim Lim (1936-1997) à la National Gallery Singapore. Représentée par la galerie Bowman Sculpture (Londres) sur la foire, l’artiste anglo-singapourienne bénéficie d’une redécouverte méritée de ses gravures et sculptures minimalistes, dans la foulée de l’exposition à la Tate Britain en 2020. Le Singapore Art Museum (SAM) consacre plusieurs expositions, dont l’une dédiée à l’artiste malaisienne Yee I-Lann (née en 1971), dont l’œuvre polyforme explore l’héritage colonial. Partenaire de la section Film de la foire, le ArtScience Museum offre un panorama complémentaire d’expositions, incluant le collectif japonais TeamLab (en rotation permanente au musée depuis 2016), ainsi qu’une vaste exposition sur deux étages consacrée au Studio Ghibli, mettant en scène les principales réalisations et personnages d’Hayao Miyazaki. Comme en 2023 et 2024, Pierre Lorinet, entrepreneur français installé à Singapour depuis 2012, présentait une partie de sa collection axée sur la sculpture et le minimalisme au New Bahru. Plus commercial mais très médiatisé, le pop-up store de Louis Vuitton présentait la nouvelle collection de sacs de Takashi Murakami, dont la galerie Gagosian exposait deux œuvres à la foire.

Côté ventes, les résultats sont inégaux d’une galerie à l’autre, donnant l’impression d’un cru au mieux égal à celui de 2024. L’art occidental domine en valeur avec la vente d’un dessin de Picasso (1881-1973) de 1969 pour 1,2 million de dollars (0,95 M€) par la galerie Cardi (Londres, Milan), seule vente millionnaire recensée. La vente de deux sculptures, l’une de Georg Baselitz (né en 1938) pour 650 000 euros et l’autre d’Antony Gormley (né en 1950) pour 500 000 livres (592 000 euros), témoigne du succès commercial de la galerie White Cube (Londres, Hong Kong, Paris, Séoul, New York). Le sold-out des sculptures de l’Australien Alex Seton (né en 1977) chez Sullivan + Strumpf confirme l’ouverture des collectionneurs de la région pour les artistes non asiatiques.

Une présence attendue des artistes d’Asie du Sud

En revanche, les artistes d’Asie du Sud-Est dominent en volume, à l’instar de I Gusti Ayu Kadek (1966-2006) et de Yunizar (né en 1971) pour l’Indonésie, Pinaree Sanpitak (née en 1961), Korakrit Arunanondchai (né en 1986) et Nakrob Moonmanas (né en 1990) pour la Thaïlande, Anne Samat (née en 1973) et Mandy El-Sayegh (née en 1985) pour la Malaisie, Benedicto Cabrera ou BenCab (né en 1942) et Mark Justiniani (né en 1966) pour les Philippines, Dawn Ng (née en 1982) et Melissa Tan (née en 1989) pour Singapour, et Lêna Bùi (née en 1985) pour le Vietnam. Les artistes chinois, comme Meng Zhigang (né en 1975) et Hou Zichao (né en 1988), coréens, comme Lee Bae (né en 1956) et Kang Kang Hoon (né en 1979), ainsi que japonais, comme Minoru Nomata (né en 1955), ont également été bien accueillis par les acheteurs. On note par ailleurs une percée de l’art indien avec Laxman Pai (1926-2021) et Madhvi Parekh (née en 1942), ainsi que de l’art africain avec le peintre d’origine nigériane Tunji Adeniyi-Jones (né en 1992) et Kényane Thandiwe Muriu (née en 1990), représentée par la galerie française 193 (Paris, Venise), qui participait pour la première fois à la foire avec un solo show de l’artiste.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°648 du 31 janvier 2025, avec le titre suivant : La troisième édition d’Art SG réduit la voilure

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