PARIS
« Prismes », secteur récent de Paris Photo, présente une sélection de projets photographiques d’envergure : grands formats, séries, etc.
Collectionner - Lorsqu’en 2015 Florence Bourgeois et Christoph Wiesner se voient confier respectivement la direction générale et la direction artistique de Paris Photo, ils constatent que les surfaces des stands ne permettent pas de présenter des formats exceptionnels ou des œuvres sérielles dans leur intégralité. « La série est pourtant intrinsèque à la pratique du médium et à son histoire », rappelle Christoph Wiesner. « La création de la section Prismes dans le salon d’honneur, à l’étage du Grand Palais, a voulu remédier à cette situation », poursuit Florence Bourgois. En 2015, étaient ainsi présentés sur tout un mur du salon d’honneur du Grand Palais les quatre-vingts tirages noir et blanc de Farewell Photography de Daido Moriyama. Leur exposition par les galeries Akio Nagasawa (Tokyo) et Jean-Kenta Gauthier (Paris) était une première. Le niveau de prix, 400 000 euros pour l’ensemble, était à la mesure de la rareté de la pièce.
L’année suivante, la gigantesque fresque d’images de 3 x 8,5 m, All the Missiles Are One Missile, de l’artiste polonaise Zofia Kulik, déployait une des pièces maîtresses de la Biennale de Venise 1993. Réalisée à partir d’images d’actualité et de propagande de l’ex-Union soviétique ou du bloc communiste, cette critique du pouvoir à l’humour corrosif était cédée à une collectionneuse privée, Kasia Kulczyk de Vogue Polska,à 190 000 euros par les galeries Taik Persons (Helsinki) et Zak/Branicka (Berlin). En 2017, L’extase doit être oubliée de l’artiste grecque Evangelia Kranioti proposée par la Galerie Sator (Paris) offrait, quant à elle, une installation immersive. Les tirages édités en cinq exemplaires pouvaient néanmoins s’acheter individuellement. Les prix s’échelonnaient de 3 000 à 9 000 euros selon le format pour une édition de cinq. Les quatorze projets de la section Prismes de Paris Photo 2018 ouvrent à un aussi grand éventail de formes et de prix, en sachant que certaines pièces contiennent des tirages qu’on peut acheter à l’unité. C’est le cas des séries sur Hiroshima de Hiromi Tsuchida représentant des objets et vêtements des victimes du bombardement atomique proposées par Ibasho Gallery (Anvers). Prix moyen du tirage : 5 000 euros.
56 500 €
4_Axel Hütte Dans les années 1950-1960, la compagnie allemande Boehringer finançait l’édition de quatre livres d’Albert Renger-Patzsch sur la région de Rheingau et sa nature. Quarante ans plus tard, à la demande de la firme, Axel Hütte réinterprète ces images dans une série de photographies. L’élève de Bernd et Hilla Becher, membre de la célèbre école de Düsseldorf, circonscrit dans Niederwald la forêt à un rythme de troncs d’arbres longilignes. L’appréhension frontale, le grand format, le brouillard hivernal poudré de neige renforcent le mutisme envoûtant du paysage.
Galerie Nikolaus Ruzicka, Salzbourg.
2_Daidō Moriyama Il est une réplique du Kuro Bar, petit bar populaire du quartier de Shinjuku, à l’ouest de Tokyo, qu’aimait fréquenter Moriyama pour son ambiance, son décor et son excentrique propriétaire dit « Mama ». Le prix comprend les plans, la permission de reconstruire le bar et le papier peint de sérigraphies de lèvres imaginées par le photographe japonais. Ne sont pas inclus les autres matériaux et la main-d’œuvre.
Galerie Hamiltons, Londres.
1_ Garry Fabian Miller Depuis 1985, l’artiste britannique explore dans la chambre noire les traces de la lumière sur papier photosensible. Sans utiliser d’appareil photo, il compose des formes géométriques avec la lumière infusée de couleurs. L’impression minimaliste, abstraite et formelle convoque une expérience sensorielle méditative. La démarche de Garry Fabien Miller fait écho à celle de Donald Judd ou celle d’Ellsworth Kelly.
Galerie HackelBury Fine Arts, Londres.
2_Isabelle Muñoz Depuis sa première série Tango et Flamenco (1989), la photographe espagnole poursuit son travail sur les rapports des êtres à leur propre corps au travers de différentes cultures. Pour sa nouvelle série 9 Gods, elle a choisi, du Mexique au Japon, les actes de dévotion qui marquent le corps et le visage de taoïstes. Le regard posé en plan rapproché est délicat. La souffrance du rituel est intériorisée par le regard baissé et concentré, sublimée aussi par la coiffe, le vêtement et le décor floral de l’embout de l’aiguille. Le tirage au platine en grand format renforce l’éclat du recueillement.
Galerie Esther Woerdehoff, Paris.
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La photo hors cadre
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°716 du 1 octobre 2018, avec le titre suivant : La photo hors cadre