Galerie

Confrontation

La permanence du regard surréaliste

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 25 mars 2015 - 741 mots

LYON

La galerie Michel Descours organise une exposition sur la continuité de l’esprit surréaliste, mettant en regard les œuvres d’artistes historiques avec celles d’artistes contemporains se revendiquant du mouvement.

LYON - Née de la volonté d’observer de quelle manière le surréalisme s’exprime encore aujourd’hui, l’exposition « Surréalistes, certes », telle une affirmation, organisée par la galerie Michel Descours à Lyon, rassemble jusqu’au 20 juin 90 œuvres de 27 artistes différents.

Michel Descours, qui refuse d’être classé dans une spécialité, est davantage connu pour présenter de la peinture ancienne. Mais depuis quelques années, la galerie s’ouvre à l’art moderne et contemporain. Le galeriste organise deux expositions au minimum par an, avec toujours un catalogue à l’appui, bénéficiant d’une recherche sérieuse : « Nos expositions sont un apport intellectuel. J’aime essayer de faire comprendre aux gens quelque chose de plus que le fait d’être simplement satisfait par la beauté des choses », explique le marchand. L’an prochain, la galerie proposera une importante exposition sur l’autoportrait, en même temps que le Musée des beaux-arts de Lyon. Pur hasard.
Le mouvement surréaliste est fondé en France en 1924 avant de rayonner à travers le monde. Sous l’influence de la psychanalyse, ses représentants s’efforcent de réduire le rôle de la conscience et l’intervention de la volonté. C’est la toute-puissance du rêve. Dominé par la personnalité d’André Breton, celui-ci publie Le Manifeste du surréalisme où il le définit comme « automatisme psychique pur, par lequel on se propose d’exprimer le fonctionnement réel de la pensée. Dictée de la pensée, en l’absence de tout contrôle exercé par la raison, en dehors de toute préoccupation esthétique ou morale ». Pour Michel Descours, « le surréalisme est une aventure poétique, une aventure de l’imagination. C’est la liberté ! ».

Un surréalisme polymorphe
Pour établir la continuité de l’idée surréaliste, le galeriste, sans aucun parcours chronologique ni thématique, a choisi de confronter des pièces historiques de membres du groupe surréaliste, des années 1920-1930, tels qu’André Breton ou Hans Bellmer avec des œuvres d’artistes qui ont gravité autour de la sphère surréaliste ou dans ses marges, comme Pierre Molinier, ainsi que des travaux d’artistes contemporains qui prolongent aujourd’hui l’esprit surréaliste (Guy Roussille ou Jorge Camacho). « Le surréalisme se renouvelle en permanence : il y a des strates et chacune d’elle est installée dans une époque », souligne le marchand. Et comme l’évoque Jean-Claude Silbermann dans l’introduction du catalogue, le surréalisme est davantage une manière de se comporter qu’une iconographie ou une manière de peindre. L’artiste, qui a participé aux activités du groupe surréaliste de 1958 jusqu’à son autodissolution en 1969, a créé spécialement pour l’exposition Le Roi des Arts (15 000 euros).

Les prix des œuvres exposées se situent entre 300 euros, pour des lithographies réalisées à l’URDLA, atelier installé à Villeurbanne et fondé par Max Schoendorff, à 300 000 euros. Concernant le marché de l’art surréaliste, « Il est stable. Puisque l’idée surréaliste est vivante, il n’y a pas de raison que le marché se décale. Ce qui est plus dur, c’est d’être isolé à Lyon. J’ai toujours dû me battre, alors même si l’on ne vit pas une période facile, ça ne rend pas les choses plus difficiles », explique le marchand. Parmi les œuvres à découvrir, Le Roitelet, 1977 (18 000 euros) de Jorge Camacho, peintre cubain qui intègre le groupe surréaliste en 1961 et dont plusieurs pièces sont présentes, un pastel de Wifredo Lam, vers 1972 dédicacé à Lucien Curzi (60 000 euros), Étude pour la philosophie dans le boudoir de Sade, 1963, de Hans Bellmer (200 000 euros), Le Temps de la mort, 1962, de Pierre Molinier (300 000 euros), un Cadavre exquis, 1931, d’André Breton, Paul Éluard et Nusch éluard (52 000 euros), un autre Cadavre exquis, de 1925, par Yves Tanguy, André Masson et autres (58 000 euros), un triptyque de Fred Deux, Double est le temps, 1994 (14 000 euros) et des œuvres de Pierre de Maria, « un artiste que nous découvrons et pour lequel nous organiserons une exposition », annonce Michel Descours.

Pas d’œuvres de Dali, Miró ou Magritte, parce qu’elles sont hors de prix et que le galeriste ne veut pas montrer de pièces secondaires ou moyennes. « Nous souhaitions présenter un surréalisme polymorphe et rompre ainsi avec l’image stéréotypée et sans doute partiellement fausse que l’on a habituellement du surréalisme », explique Gwilherm Perthuis, chargé de l’exposition.

Surréalisme

Nombre d’œuvres : 90
Prix : de 300 à 300 000 €

Surréalistes, certes, jusqu’au 20 juin, Galerie Michel Descours, 44 rue Auguste-Comte 69002 Lyon, www.peintures-descours.fr

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°432 du 27 mars 2015, avec le titre suivant : La permanence du regard surréaliste

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