Foire & Salon

ART MODERNE ET CONTEMPORAIN CLASSIQUE

La Moderne Art Fair remonte l'avenue des Champs-Elysées 

Par Anne-Cécile Sanchez · Le Journal des Arts

Le 20 octobre 2022 - 677 mots

PARIS

Lancée en 2021 par Isabelle Keit-Parinaud et Adeline Keit, les dirigeantes d’Art Élysées, la foire « off » s’installe place de l’Étoile et parie sur l’art du XXe siècle.

Vue de l'édition 2022 de Moderne Art Fair © Photo Ludovic Sanejouand
Vue de l'édition 2022 de Moderne Art Fair.
© Photo Ludovic Sanejouand

Paris. C’est un nouveau défi pour la Moderne Art Fair : après avoir dû renoncer, lors de son lancement, en 2021, à la proximité géographique de la Fiac (qui déménageait au Grand Palais éphémère), elle doit cette année quitter l’avenue des Champs-Élysées. Cette deuxième édition se déroule donc près de la place de l’Étoile, un emplacement bien moins central où une quarantaine de galeries occupent les quatre niveaux d’un ancien centre commercial. La foire perd au passage certains exposants, telles que la galerie Berès (Paris), spécialisée dans les mouvements d’avant-garde du XIXe et XXe siècles ou Huberty et Breyne (Paris), galerie réputée auprès des amateurs de planches originales de bande dessinée.

Elle conserve néanmoins un noyau dur de marchands restés fidèles depuis la fin d’Art Élysées, comme la galerie Baudoin Lebon (Paris). Celle-ci présente sur son stand un ensemble de « Migofs » des années 1970, en grillage et en toile, de Bernard Schultze, des dessins de Dado, ainsi que des estampes de Jean Dubuffet. Si la foire fait encore un peu de place au design – La Bocca della verità Gallery (Bruxelles), nouvelle entité de Jean-François Declercq, y fera ses débuts – et à la photo – on y verra la galerie XII Paris, qui privilégie un style figuratif –, son positionnement principal est bien celui de l’art moderne, un segment très porteur du marché. Dans un registre plus abordable et dans un cadre moins intimidant que celui de Paris+, c’est bien ici que l’on peut espérer dénicher des œuvres d’artistes historiques.

Ainsi pour sa deuxième participation à la foire, la Galerie Faidherbe (Paris) présente à nouveau des peintres de l’abstraction lyrique et de la seconde école de Paris. Parmi les œuvres phares du stand, une petite peinture de Pierre Alechinsky, L’Anachronisme de la faucille (1992), une autre de Pierre Tal Coat (Sans titre, 1975), une composition de Roger Bissière de 1963, une gouache de Serge Poliakoff de 1954… « Nous espérons avoir encore gagné en qualité par rapport à notre première participation l’an dernier », souffle Pierre Darras, le fondateur de cette jeune galerie créée fin 2019, qui entend accroître sa notoriété « auprès des collectionneurs et des marchands ».

Les signatures de Maurice Estève, Hans Hartung, Serge Poliakoff ou André Lanskoy sont bien représentées sur la foire, et notamment sur le stand de la galerie Bert (Paris), qui fête ses quarante ans. Venue pour sa part de Cannes, la Galerie Hurtebize montre notamment une jolie gouache sur papier de Raoul Dufy (Le Repas des chasseurs, 1936), des œuvres sur toile et papier de Gérard Schneider, un tableau de Georges Mathieu (Haine d’orgueil, 1988), une belle encre d’Henri Michaux, une autre de Jean Dubuffet (Paysage aux filigranes, 1952) et plusieurs sculptures en acier de Francis Guerrier (les prix allant de 4 200 € jusqu’à plus de 180 000 € pour des toiles de Mathieu ou d’Olivier Debré).

Un collage sur papier chiffon d’une belle intensité chromatique de Maurice Estève (Sans titre, 1973), une édition de la lampe Danube en porcelaine dessinée par Alicia Penalba dans les années 1970, une Fucking chair explicitement articulée en fonte et laiton du sculpteur Philipe Hiquily : ce sont les pièces fortes et hétéroclites que la galerie Jean-Marc Lelouch (Paris) met en avant sur son stand. Quant à la galeriste parisienne Véronique Smagghe, elle donne de la visibilité aux artistes femmes, en l’occurrence Vera Molnár et Pierrette Bloch, deux plasticiennes ayant en commun une ligne sobre et minimale. De la première, elle montre notamment des œuvres de la série « Les lettres de ma mère », de la seconde, un rare collage sur Isorel de 1971.

Si cette édition, avec l’exposition consacrée aux moulages de Marie Piselli, une artiste relativement confidentielle, n’a pas le panache de la précédente, qui rendait hommage à la figure flamboyante du collectionneur et marchand grec Alexandre Iolas, elle compte cependant toujours dans son comité de sélection le marchand monégasque David Nahmad, également parrain de la foire.

Moderne Art Pair,
du 20 au 24 octobre, 10, avenue de la Grande Armée, 75017 Paris.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°596 du 7 octobre 2022, avec le titre suivant : La Moderne Art Fair quitte les Champs-Élysées

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