PARIS
Se prélasser dans une baignoire du Ritz, envoyer son chien se coucher dans un panier de style Louis XVI : le mobilier du palace parisien a fait des heureux mardi, au premier jour d'une vente aux enchères qui a vu les prix s'envoler.
Venus par curiosité ou pour emporter un peu de la légende de l'hôtel fréquenté par Coco Chanel, Proust, Hemingway ou Diana, un millier d'amateurs se sont retrouvés chez Artcurial. Rideaux, accessoires de salle de bains, meubles de style : les lots atteignent souvent plus de trois fois leur estimation. Le plus important, deux grandes sculptures porte-torchères estimées à 10.000 euros, sont cédées pour 54.600 euros (frais inclus) à un acheteur sur internet. Une baignoire en fonte, présentée comme "la première" du Ritz, hôtel fondé en 1898, trouve preneur à 7.800 euros, et devra subir quelques travaux de rénovation. Un panier à chien "de style Louis XVI" part à 2.600 euros (frais inclus). "C'est aussi adapté au chat", précise le commissaire-priseur, Stéphane Aubert.
Venu de Berlin pour l'occasion, Philipp Gertner est ravi : il vient d'acquérir pour 1.300 euros deux portraits de Chopin, des reproductions d'après Eugène Delacroix, pour décorer l'un des lofts qu'il loue pour des événements, des séances photo ou des films. "Ce loft s'appelle 'Mr Hemingway', il est aménagé dans l'esprit de l'écrivain, donc cette vente avait une importance particulière pour moi. Le Ritz est tellement légendaire !", explique-t-il à l'AFP. "J'ai vécu à Paris il y a près de 20 ans, quand j'étais étudiant, et j'étais allé au Ritz, bien sûr je n'y avais pas dormi. Mais j'avais réussi à me faufiler jusqu'au Bar Hemingway", se souvient ce décorateur d'intérieur, grand lecteur de l'écrivain américain réputé avoir débarqué au Ritz fusil-mitrailleur au point en août 1944 pour "libérer" le palace de l'occupant nazi. Philipp Gertner a prévu de rester pendant les cinq jours de la vente, jusqu'à samedi. "Si ma compagne, avec qui je travaille, m'y autorise !", rigole-t-il. Le comte Paul de Senneville, compositeur de musique et propriétaire de chevaux, est un habitué d'Artcurial et collectionneur d'art contemporain. "Là, cela me permet d'avoir des petits objets peut-être pour peu cher", explique-t-il. Il est notamment en quête de verres pour sa fille : des lots de 24 verres à bordeaux siglés, et des flûtes à champagne, estimés à 300-400 euros. Ainsi que d'un portemanteau "perroquet" accompagné de deux porte-bagages, qu'il acquiert finalement pour plus de 900 euros.
Très attractif
Le prestige du Ritz joue à plein : un canapé trois places de style Louis XV part à plus de 8.800 euros, plus de dix fois son estimation. Même des pièces à l'utilité incertaine font des heureux, comme cet ensemble de trois porte-drapeaux, pour "recevoir des délégations chez vous", ironise le commissaire-priseur, qui l'adjuge à 650 euros. "Les prix de base sont très bas, c'est très attractif, ce n'est pas étonnant que ça parte aussi haut et aussi vite, c'est le Ritz, cela a un côté symbolique et unique", juge Raphaëlle Mattart, 23 ans, venue de Liège (Belgique) pour assister à sa première vente aux enchères.
Certains sont là "par curiosité", comme ce couple de touristes américains de Miami venu "pour observer", attirés par la réputation du palace. Ou Sylvie Beaufils Malochet, 52 ans, qui feuillette le catalogue : "C'est assez émouvant. J'ai travaillé onze ans à l'hôtel Ritz, il y a des objets qui me rappellent cette période, qui font partie de ma vie".
Etats-Unis, Asie, Australie... Près de 80 % des acheteurs sont étrangers, selon Stéphane Aubert, l'un des deux commissaires-priseurs de la vente avec François Tajan, se félicitant du "formidable" démarrage de la vente, dont la moitié des lots ont été adjugés sur Internet. "Cela s'annonce très bien", se réjouit-il, soulignant que l'exposition précédant la vente a été visitée par 11.000 visiteurs en cinq jours.
Ces dernières années, Artcurial a aussi dispersé avec succès le mobilier du Crillon, du Plaza Athénée, de l'Hôtel de Paris à Monaco, ainsi que du restaurant La Tour d'Argent.
Cet article a été publié le 17 avril 2018 par l'AFP
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La légende du Ritz aux enchères : un démarrage dans l'effervescence
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