LONDRES / ROYAUME-UNI
Une exposition organisée par la galerie new-yorkaise réunit trente artistes qui ont le même nom de famille : Smith.
Pour réussir dans le milieu de l’art contemporain, se faire un nom peut être un atout. Cette ambition devient un défi lorsque le patronyme est le plus répandu dans le monde anglo-saxon : Smith. Certains essayent de se singulariser, comme Emily Mae Smith qui a rajouté son middle name pour se distinguer de potentiels homonymes. D’autre font le choix d’assumer ce patronyme, comme l’artiste français SMITH, qui l’affiche en lettres capitales. Cet été, à la galerie Marlborough de Londres, ce nom de famille ne sera plus un handicap : 30 Smiths y seront réunis par le directeur de la galerie, Pascal Spengemann, pour une exposition collective.
Réunir trente artistes qui n’ont en commun qu’un nom, et les vicissitudes qui vont avec : l’idée vient de Maurizio Cattelan. « Maurizio nous a confié qu’il a toujours voulu monter une exposition appelée The Smiths, qui réunirait tous les Smiths qu’il trouverait, explique Spengemann pour le Evening Standard, on l’a pris au mot et on s’est lancé. Je pensais que ce serait drôle, mais au fur et a mesure, c’est devenu un projet plus complexe et intéressant ».
L’exposition, à découvrir du 3 juillet au 5 août, repose entièrement sur le nom des artistes. Les Smith en présence sont invités à sélectionner une pièce de leur choix. L’idée est alors de créer des connexions fortuites entre des œuvres bien différentes (sculptures, vidéos, estampes…), qu’elles soient le travail d’un Smith renommé ou de Smith émergents.
Il y aura ainsi des sculptures de David Smith et Tony Smith, figures incontournables respectivement de l’expressionisme et du minimalisme américain. Le légendaire styliste anglais Paul Smith, voisin de la galerie, est également présent. On retrouve aussi Patti Smith, qui ne chantera pas mais qui présente un dessin accompagné d’un texte, et Kiki Smith, fille de Tony et figure du féminisme aux Etats-Unis.
A leurs côtés, la jeune génération des Smiths, dont le nom est connu, mais pas encore le prénom : Kambell Smith montrera ses maquettes géantes, Greg Parma Smith ses peintures hyperréalistes, Emily Mae Smith ses œuvres surréalistes… Un mélange dont le résultat reste inconnu : « L’exposition sera soit une réussite, soit un gloubi-boulga complet, confie Spengemann au Guardian, La seule condition, c’est le nom, donc c’est une sorte de sélection par non-sélection. Le postulat est de contourner ou court-circuiter le choix ; c’est une belle méthodologie d’art conceptuel, mais ce à quoi ressemblera l’exposition reste à découvrir, ce qui est excitant et aussi un peu angoissant ! ».
Pour ces artistes, c’est en tout cas une occasion unique de tirer parti de l’anonymat de ce nom, plutôt que de le subir… Sauf peut être pour Bob and Roberta Smith, de son vrai nom Patrick Brill, qui a délibérément choisi cette anonymisation il y a 20 ans. « Je les ai créés [Bob et Roberta] pour éviter cette façon égocentrique que les artistes ont de se présenter », expliquait-il en 2018. Présent à la galerie Marlborough, il ne passera pas inaperçu avec sa collection d’affiches colorées, intitulées « Make you own Damn Art. »
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A la galerie Marlborough, un Smith peut en cacher un autre
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