PARIS
L’effet Biennale joue encore. À la fermeture du salon, les marchands étaient dans l’ensemble satisfaits du niveau des transactions réalisées déplorant cependant l’absence d’acheteurs à budget moyen.
PARIS - La Biennale des antiquaires a fermé ses portes le 21 septembre au Grand Palais, sur une note positive et 90 000 visiteurs. « Avec la houle qui a secoué le bateau de la Biennale cet été et la crise économique, je m’attendais à une Biennale prudente, mais au final, ce n’est pas ce qu’il s’est passé, à condition d’avoir eu les œuvres que les collectionneurs recherchaient », constatait Thomas Bompard (Galerie Gradiva, Paris). Les différentes spécialités présentes à travers 89 exposants (dont 14 joailliers) ont su séduire, en particulier la peinture moderne et contemporaine, les arts du XXe et l’archéologie, au détriment de la peinture ancienne, sous-représentée. De nombreux antiquaires avaient soigné leur présentation, comme les galeries Kraemer, Steinitz, Chenel, Vallois mais aussi Zlotowski, Gismondi, Phoenix, Jean-David Botella… Les visiteurs étrangers se sont déplacés, tels les Sud-Américains, les Américains, les Russes ; les Asiatiques sont notamment venus plus nombreux qu’en 2013. « Il y a encore du travail pour continuer à faire venir les collectionneurs », soulignait, cependant lucide, Hervé Aaron, à la tête de la commission d’organisation de la manifestation. « Il est difficile de les faire venir lorsque nous ne sommes que deux ou trois marchands dans la spécialité », renchérissait François De Jonckheere (Galerie De Jonckheere). On pouvait aussi se demander si certaines galeries avaient bien leur place à la Biennale ou encore si certaines œuvres étaient du niveau. Quant aux ventes, elles ont eu lieu pour l’essentiel les premiers jours, la qualité de la clientèle baissant pendant la semaine et de l’avis général, les acheteurs n’étant pas plus nombreux qu’en 2012. « C’est surtout le niveau d’exigence qui a considérablement augmenté », soulignait Jean-Christophe Charbonnier, tandis qu’Alain Marcelpoil remarquait seulement la présence « des très fortunés ». « Nous avons perdu nos clients dont le portefeuille se situait entre 5 000 et 10 000 euros », notait Michel Vandermeersch. Pour le directeur de la Galerie Taménaga, c’est davantage le budget moyen des Chinois et des Russes qui a augmenté.
Ventes d’envergure
Si les chefs-d’œuvre se font de plus en plus rares, des pièces importantes étaient encore négociables. Les transactions d’art moderne et contemporain sont allées bon train. Les galeries Gradiva/Hopkins ont vendu une Araignée (1995) de Louise Bourgeois, à plusieurs millions d’euros, une toile de Lucio Fontana (autour de 300 000 euros) ainsi qu’une œuvre de Miró offerte à Florence Loeb, la fille de son marchand, pour ses 7 ans. Franck Prazan a vendu au moins six pièces dont son œuvre phare, La Table rose, 1953, de Nicolas de Staël. Dominique Lévy (New York) a cédé une éponge d’Yves Klein (1,5 million de dollars) et une œuvre des années 1950 de Pierre Soulages (plus de 2,5 millions de dollars). À la galerie de la Présidence, l’Avenue du bois (1923-1925) de Van Dongen plus de 600 000 euros. Même constat pour les arts décoratifs du XIXe et XXe siècle. Oscar Graf a vendu plus de la moitié de son stand, dont une théière de Christopher Dresser (1879), à plus de 150 000 euros ; la galerie Marcilhac a cédé une suite de huit panneaux de Jean Dunand (plus de 500 000 euros) et Xavier Eeckhout s’est séparé de La Pomme de Ben de Claude et François-Xavier Lalanne (prix annoncé 300 000 euros).
De nombreuses ventes en archéologie et arts d’Asie également. La galerie Jacques Barrère s’est délestée d’une grande tête de Bouddha en schiste, Ier et IIe siècle après J.-C. (autour de 500 000 euros) ; Jean-Christophe Charbonnier a presque tout vendu, dont un casque Kaji Kabuto (autour de 500 000 euros). La galerie Phoenix ancient art (Suisse) a cédé un portrait du Fayoum, tandis que Gisèle Croës se séparait de plusieurs objets en bronze (200 000 à 400 000 euros) et d’un rocher de lettré (100 000 à 150 000 euros).
Si, à Tefaf, les acheteurs se décident tout de suite, à la Biennale, « ils n’ont pas la crainte de perdre l’objet et se permettent de revenir plus tard », soulignait Oscar Graf. « Entre 20 000 et 50 000 euros, les clients ne réfléchissent pas », concluait Bill GB Pallot. Mais les acheteurs prennent le temps de la réflexion pour les œuvres onéreuses. Aussi, à la fin du salon, certaines étaient encore en négociation, comme Arletty, de Van Dongen (2 millions d’euros) à la galerie Taménaga ou n’avaient pas trouvé preneur comme le Monde Invisible, de Magritte (3,6 millions d’euros) chez Dominique Lévy.
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La Biennale des antiquaires sauve les meubles
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°420 du 3 octobre 2014, avec le titre suivant : La Biennale des antiquaires sauve les meubles