Du 27 au 30 mai, la foire internationale de Hong Kong, en pleine croissance, rallie les grosses pointures du marché.
HONG KONG - S’il est une foire en réelle expansion, c’est bien celle de Hong Kong. Alors qu’elle affichait cent exposants lors de sa première édition en 2008, la Hong Kong International Art Fair en aligne cent quarante-cinq cette année. Les raisons de cette croissance sont multiples. L’événement profite d’abord du vide laissé par ses concurrents asiatiques purement régionaux, comme ShContemporary à Shanghaï, en Chine, ou Kiaf à Séoul, en Corée du Sud. Il bénéficie aussi de la fiscalité avantageuse dans la ville chinoise, de son port franc et du secret bancaire.
Il n’est pas anodin que la banque HSBC ait déplacé, en 2008, son siège social de Londres vers Hong Kong. La manifestation jouit aussi par ricochet du travail de fond engagé depuis plusieurs années par Christie’s et Sotheby’s, qui commencent à en récolter les fruits.
Début avril, Sotheby’s a généré, en six jours de ventes, 193,3 millions d’euros, soit le plus haut montant jamais enregistré par l’auctioneer dans l’ancienne colonie britannique. En 2009, les clients chinois furent actifs sur l’ensemble des salles de ventes de Christie’s dans le monde, achetant pour un total de 294,7 millions de dollars (205,5 millions d’euros). Un privé de Hong Kong a ainsi acquis un Picasso tardif, pour 3,4 millions de livres sterling (4 millions d’euros), en juin dernier à Londres. Un autre amateur local avait emporté un mois plus tôt un Chagall de 1978 pour 3,6 millions de dollars (2,6 millions d’euros) à New York.
« L’intérêt s’est cristallisé il y a un an et demi sur Hong Kong, lorsque les maisons de ventes coréennes, comme Seoul Auction, japonaises, taïwanaises, comme Ravenel, et indonésiennes ont décidé d’y taper du marteau et ont amené avec elles leurs clients. Les Asiatiques de la région font leurs achats de luxe et d’art à Hong Kong, et les riches chinois préfèrent les stocker sur place plutôt que de les rapporter en Chine », indique Jean-Marc Decrop, spécialiste en art contemporain chinois.
Ce contexte porteur a également attiré les antennes de galeries étrangères, à l’image de Tang Contemporary Art, initialement basée à Bangkok et Pékin, Larry Gagosian (New York, Londres) et Ben Brown (Londres). Ces enseignes participent naturellement à Hong Kong International Art Fair, à l’instar d’autres poids lourds du marché tels les Londoniens White Cube et Lisson, les New-Yorkais Sperone Westwater et Marianne Boesky. Quelques Français sont aussi de la partie comme Almine Rech (Paris, Bruxelles), ou JGM (Paris) qui présente des maquettes de son parcours de sculptures installées sur le site de World Expo à Shanghaï.
Emmanuel Perrotin (Paris, Miami) joue, lui, sur du velours avec une exposition personnelle de la Japonaise Aya Takano. Plus surprenante est l’arrivée de la galerie Lelong (Paris, New York). Celle-ci présentera Nalini Malani et Rosemary Laing, ainsi qu’un cabinet avec des œuvres de Miró, Giacometti et Tàpies. « Nous travaillons de plus en plus à Singapour et Séoul, notamment avec des pièces de Jaume Plensa. C’est un terrain qu’il faut développer », indique Jean Frémon, codirecteur de la galerie. Fort des contacts fructueux générés par sa participation l’an dernier à la foire, Matthias Arndt (Berlin) prédit : « Hong-Kong Art Fair sera, pour les pays asiatiques et l’axe Pacifique, une plateforme de marché comparable à la foire de Bâle pour les marchés occidentaux. »
HONG KONG INTERNATIONAL ART FAIR, du 27 au 30 mai, Hong Kong Convention and Exhibition Centre, 1, Expo Drive, Wanchai, Hong Kong, www.hongkongartfair.com, le 27 mai 12h-21h, le 28 mai 12h-20h, le 29 mai 12h-19h, le 30 mai 12h-17h
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Hong Kong ne connaît pas la crise
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Abonnez-vous dès 1 €Directeur : Magnus Renfrew
Nombre d’exposants : 145
Tarif des stands : 500 dollars le m2
Nombre de visiteurs en 2009 : 27 856
Édouard Malingue ouvre à Hong Kong
Après avoir fourbi ses armes dans le courtage pendant cinq ans à Londres, Édouard Malingue, fils du marchand parisien Daniel Malingue, ouvrira à Hong Kong, en juin prochain, une galerie dans un espace aménagé par l’architecte Rem Koolhaas. « Ouvrir à Londres ou à New York, où il y a déjà beaucoup de marchands, cela n’avait pas de sens. Le faire à Pékin ou Shanghaï aurait été une absurdité, car les taxes et l’administration sont impossibles pour les Occidentaux.
Restaient Singapour et Hong Kong, mais Hong Kong est plus proche de la Chine », explique le jeune marchand. Celui-ci va se concentrer sur l’art moderne et d’après-guerre. Le pari est entier, car les Chinois préfèrent passer par l’entremise des ventes publiques pour toute œuvre à prix élevé.
Édouard Malingue Gallery, 8, Queens Road Central, Hong Kong
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°325 du 14 mai 2010, avec le titre suivant : Hong Kong ne connaît pas la crise