PARIS
L’artiste pluridisciplinaire présente un ensemble d’œuvres abouties et sensibles à la Galerie Jean Fournier.
Paris. « J’aime sélectionner mes œuvres en fonction de l’espace, c’est l’école Jean Fournier », explique Frédérique Lucien en déambulant dans les salles de sa nouvelle exposition à la galerie. L’artiste a ainsi soigneusement mis en scène sa récente série de travaux sur métal. À l’entrée se font face les formes végétales découpées dans du laiton, de l’aluminium ou du cuivre – dénommées « Jardin d’hiver » – et les plaques de métal où apparaissent en réserve d’autres silhouettes végétales. Plus loin, sont posées au sol des formes agrandies d’environ 90 cm de hauteur (« Leaves of grass »).
Alors que « Jardin d’hiver » relève du tableau, mais d’un tableau un peu particulier où les formes sont regroupées et fixées sur le mur composant un bouquet sans cadre, « Leaves of grass » procède de la sculpture. En bout de parcours, « Jardin suspendu », l’ultime déclinaison de la série, entre dans la catégorie des installations. Les formes alignées sont suspendues à un tube, en retrait du mur de sorte qu’avec un éclairage approprié, l’ombre portée ajoute une nouvelle dimension à l’œuvre (7 000 €).
Frédérique Lucien, comme beaucoup de ses contemporains, aime travailler différentes techniques. « Cela me permet de renouveler l’inspiration et plus prosaïquement de gérer les cycles distincts propres à chaque technique. » Ainsi, pendant le séchage des plaques de métal, l’artiste dessine et peint à la gouache des motifs végétaux, puisés dans son répertoire de formes glanées en Bretagne (1 800 € chaque). La galerie présente un ensemble de ces gouaches ainsi que trois grandes acryliques magnifiques sur papier (18 000 €).
L’artiste délaisse parfois la flore pour le corps humain. Mais alors elle change radicalement de technique au profit de la porcelaine, comme s’il lui fallait travailler d’autres matériaux pour s’emparer de la chair. La forme reste cependant le trait commun à ses deux registres, comme en témoigne l’installation intitulée « Cellier ». Dans une structure en bois composée d’étagères, sont posés des fragments de corps humains fabriqués en porcelaine qui font immédiatement penser à Rodin. Malgré la diversité des matériaux, l’exposition, intitulée « Jardin d’hiver », la matité des surfaces des œuvres exposées donnent le sentiment d’une grande cohérence.
Frédérique Lucien (née en 1960) est une artiste discrète, encore trop peu reconnue. On ne recense qu’une seule de ses œuvres dans les collections des Frac (Frac Bretagne) et cinq dans les collections du Cnap. Quelques musées français lui ont consacré des monographies (Gravelines, Caen), mais elle mérite plus. La Galerie Jean Fournier lui est restée fidèle depuis 1990, malgré le décès du galeriste en 2006. Les prix sont en phase avec sa notoriété.
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Frédérique Lucien cultive son jardin d’hiver
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°614 du 23 juin 2023, avec le titre suivant : Frédérique Lucien cultive son jardin d’hiver