NEW YORK (ÉTATS-UNIS) [10.10.16] - Une semaine après la révélation par Le Journal des Arts que Sotheby's a dû rembourser cet été à un client américain un portrait attribué à Frans Hals, après un examen concluant qu'il s'agissait d'un faux, la compagnie américaine confirme les faits.
Sotheby's New York a fait parvenir au Journal des Arts une déclaration, confirmant qu'elle venait de rembourser « intégralement » un grand client américain, à qui elle avait vendu un portrait attribuée à Frans Hals, qui se serait révélé une contrefaçon après une étude scientifique. Le Journal des Arts du 30 septembre avait révélé cette information, précisant que cette peinture avait été vendue en 2011 par Sotheby's et le marchand londonien Mark Weiss à un entrepreneur de Seattle, Richard Hedreen, pour dix millions de dollars. Elle avait été achetée, pour trois millions d'euros, par Mark Weiss à Giulano Ruffini, dont le domaine à Parme a été perquisitionné en avril dernier.
En 2008, ce portrait avait été classé trésor national à la demande du Louvre, qui essayait alors de l'acheter. Sa découverte comme un « chef-d'œuvre » tardif d'un des plus grands artistes hollandais avait été annoncée dans le Burlington Magazine par Blaise Ducos, conservateur de la peinture hollandaise au Louvre, et Quentin Buvelot, conservateur en chef du Mauritshuis. Ni l'un ni l'autre n'ont voulu commenter ce retournement, pas plus que Mark Weiss. Sotheby's de son côté n'a pas précisé si elle comptait engager une procédure à l'encontre du galeriste de Londres, qui n'a pas voulu à ce stade lui rembourser sa part de la vente au collectionneur de Seattle.
D'après Sotheby's pourtant, la compagnie avait « reçu l'assentiment » de Mark Weiss avant de prendre contact avec Richard Hedreen pour l'informer des doutes sur la peinture, suite à la saisie d'un tableau attribuée à Frans Hals, provenant également de Giulano Ruffini. « Une étude scientifique approfondie commandée par Sotheby's a établi sans nul doute que le portrait était une contrefaçon », nous indique aujourd'hui son bureau de New York. Il précise qu'elle a été conduite par « un des laboratoires les plus en pointe sur la question », Orion Analytical, à Williamstown (Massachussetts), avant un second examen par un scientifique qui n'est pas nommé. Ces études auraient « révélé la présence de matériaux modernes dans la peinture ». A l'examen notamment d'un prélèvement, la compagnie indique que des « traces » de composants inventés au XXe siècle ont été « retrouvées dans le fond et les couches de la matière picturale ». Sotheby's estime ainsi avoir rassuré ses clients sur la garantie qu'elle offrait dans ses ventes.
Giulano Ruffini, qui n'a pas été mis en examen ni même entendu dans le cadre de l'enquête conduite en France, continue de proclamer sa bonne foi, en soulignant qu'il n'a jamais lui-même prétendu que l'oeuvre serait de Frans Hals, mais que cette responsabilité revenait « aux marchands et aux experts, à commencer par les conservateurs et le laboratoire au Louvre ».
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Faux Hals, la défense de Sotheby’s
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €