L’impétueux commissaire-priseur Pierre Cornette de Saint Cyr commente l’actualité du marché et de son étude.
Armelle Malvoisin : Où en est la nouvelle structure du Palais de Tokyo ?
Pierre Cornette de Saint Cyr : Association créée en 2001 avec Pierre Restany, Nicolas Bourriaud et Jérôme Sans, le Palais de Tokyo est la seule réussite internationale depuis quarante ans en France, parce qu’il est dirigé comme une entreprise. À présent, il s’agit de créer une nouvelle structure, soit une SAS (société par action simplifiée) dans laquelle l’État est malheureusement le seul actionnaire. Les nouveaux statuts ont été signés en août 2010 par Frédéric Mitterrand. Or, un an après, rien n’a été mis en place. Et, de guerre lasse, Olivier Kaeppelin, qui devait prendre la tête de cette nouvelle structure, a fini par partir en claquant la porte. Je craignais de voir débarquer un énarque au lieu d’un homme de l’art, mais Jean de Loisy [lire p. 4] a finalement accepté le job. Il sera à la fois président et directeur artistique de cette nouvelle structure. Je crois beaucoup en lui.
A.M. : Quel sera votre rôle à présent ?
P.C.D.S.C. : Je reste membre du conseil d’administration. À la fin des travaux, prévus au printemps 2012, nous devrions récupérer 22 000 m2 d’espace. J’ai souhaité que l’art numérique y ait sa place et m’en occuper. Jean de Loisy m’a accordé 150 m2 d’espace de création dédié à l’art numérique.
A.M. : Vous avez été interrogé le mois dernier dans l’affaire des « cols rouges » de Drouot. Pourquoi ?
P.C.D.S.C. : Bien que nous ne prenions pas de lots de commissionnaires dans nos ventes, un de nos clercs s’était arrangé pour le faire dans des ventes courantes, à notre insu. Notre maison de ventes a aussi été victime de vols et j’ai pu reconnaître quelques-uns des tableaux dérobés.
A.M. : Comment a été organisée la vente caritative aux enchères que vous avez dirigée dans un avion en plein vol (une première !), le 22 juin ?
P.C.D.S.C. : C’est une idée de mon fils Pierre qui a créé une galerie nomade, la « Dexter Gallery », avec son associé Marc Réveillaud. Il s’est dit qu’il n’y avait rien de mieux qu’un avion en plein vol pour représenter le nomadisme. Il a contacté la compagnie OpenSkies, qui a donné son accord pour vendre aux enchères des œuvres des artistes de la galerie au profit de l’Institut Curie, lors d’un vol régulier Paris-New York où les passagers n’étaient pas du tout préparés. Ils ont eu la surprise en montant à bord. L’événement baptisé « Wings » a été présenté par le directeur de l’Institut Curie. Nous avons réussi à susciter l’intérêt du public à 11 000 mètres d’altitude au-dessus de l’Atlantique et vendu huit dessins (sur les neuf présentés) de jeunes artistes français. C’était une expérience merveilleuse. Environ 10 000 euros ont été récoltés.
A.M. : Il est question de résilier le bail de la salle de ventes de prestige de Drouot-Montaigne, dont vous êtes le premier utilisateur…
P.C.D.S.C. : Il faudrait alors que notre maison de ventes trouve une solution de repli, qui pourrait être les salons d’un grand hôtel parisien. Pour les « Temps forts » de Drouot, je vois mal comment ils pourraient être organisés à Drouot-Richelieu, un quartier où on ne peut pas se garer.
A.M. : Durant la pause estivale, êtes-vous de ceux qui sont constamment en représentation ?
P.C.D.S.C. : Je ne prends pas plus de quinze jours de vacances par an, car cela m’ennuie. Je reste la plupart du temps à Paris. J’ai deux ventes de charité prévues cet été à Saint-Rémy-de-Provence. Et quand je descends au mois d’août en famille sur la Côte d’Azur, j’essaie de ne pas faire trop de mondanités. Car je ne suis pas mondain. Je suis dans le spectacle. Lorsque je me rends à un cocktail, je reste le temps de faire quelques photos et baisemains. À l’heure du « tout-Internet », les gens se déplacent de moins en moins. Donc c’est important d’aller au-devant d’eux.
A.M. : Quelle est votre actualité de rentrée ?
P.C.D.S.C. : Les 28 et 29 septembre, nous présentons une vente fabuleuse d’art forain : 900 lots de la collection Fabienne et François Marchal. Ce couple a collectionné ces œuvres, non pas comme de l’art populaire, mais comme un art à part entière. Les Marchal ont fait des recherches et ont identifié les artistes qui, sur un siècle, ont fabriqué ces sculptures. Une sélection des plus belles pièces sera exposée à Drouot-Montaigne du 7 au 18 septembre et l’ensemble de cette impressionnante collection sera déployé sur plus de 2 000 m2 au parc des expositions de la porte de Versailles.
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Entretien avec Pierre Cornette de Saint Cyr
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Abonnez-vous dès 1 €Pierre Cornette de Saint Cyr. © SVV Cornette de Saint-Cyr.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°351 du 8 juillet 2011, avec le titre suivant : Entretien avec Pierre Cornette de Saint Cyr