Depuis quand êtes-vous chez Artcurial ?
Je suis arrivé en 2002, comme spécialiste, pour créer le département Design. J’ai été promu directeur associé en 2005.
Comment a évolué votre spécialité ?
Le design a, pendant quelque temps, été assimilé à du simple mobilier de bureau ou de collectivité. Aujourd’hui, ce marché du design commence à atteindre une certaine maturité. Grâce aux musées, expositions, rétrospectives et publications dans ce domaine, le regard a changé. Maintenant, il faut continuer à faire le tri. Certains designers ont beaucoup créé. Les écarts de prix sont considérables entre deux pièces d’un même créateur, en fonction de leur rareté. Mais ce travail sélectif reste encore à parfaire. Par exemple, la différence de cote entre une pièce hybride et un meuble historique de Charles et Ray Eames n’est pas énorme pour l’instant, soit de l’ordre d’un à deux ou trois.
Comment un amateur peut-il s’initier au design ? Chez Artcurial, nous disons clairement les choses. Lorsque nous avons lancé les ventes « Intérieurs du XXe siècle » en 2005, notre démarche était de proposer du mobilier d’édition d’occasion pour se meubler. Les catalogues de ces ventes sont distribués gratuitement et ne sont pas forcément archivés une fois la vente passée. À côté de cela, nous allons vers l’exclusif en organisant des ventes de design de prestige pour collectionneurs ainsi que des vacations thématiques demandant beaucoup de préparation. Le 23 novembre 2005, la vente « Light is more : un siècle de luminaires », incluant des œuvres de la collection personnelle du designer Ingo Maurer, a demandé deux ans de travail. Ensuite, il y a notamment eu « Black, le noir dans le paysage domestique » (2006) ; « Chandigarh project I » (2006) ; « Al Dente ! » (2007) ou encore « Swiss Made » (2009).
Quels autres thèmes allez-vous exploiter ?
Nous avons encore quelques idées. Mais, pour éviter de saturer, nous allons suspendre ce rythme bisannuel de ventes à thème et développer pour 2011 un nouveau concept de vente de design, baptisé « Set up ». L’idée est de composer trente-trois ensembles mobiliers sur la base d’un trio typologique. Pour l’inauguration de « Set up » en février, nous travaillons sur des modules de présentation : bureau/chaise/lampe.
En attendant, votre actualité des ventes d’automne est riche…
C’est la deuxième fois que nous combinons l’Art déco et le design dans un même catalogue, sur deux jours de vente. D’une part parce que nous avons des clients qui collectionnent à la fois de l’Art déco et du design. Mais aussi parce que les acheteurs traditionnels d’Art déco sont curieux de découvrir la création plus contemporaine et que la continuité historique rassure les amateurs de design. Dans cette vente, je présente une exceptionnelle paire de portes à hublots (1953) de Prouvé provenant du pavillon du centenaire de l’Aluminium (est. 100 000 euros) ; une table de salle à manger (1981-1985) de Takis (est. 60 000 euros) ; un ensemble historique Horns (1985) composé d’une table et de deux chaises de Ron Arad, une commande spéciale par le studio One Off (est. 14 000 euros) ; un important ensemble de luminaires de Gino Sarfatti ou encore des pièces en verre teinté et sablé de Frantisek Vizner. Une deuxième vente porte sur deux collections cohérentes comprenant une importante table de réception (vers 1970) signée Aldo Chale (est. 40 000 euros) et une table basse Nuage (vers 1970) de Guy de Rougemont (est. 50 000 euros).
Pourquoi avoir organisé une troisième vente sur l’œuvre de Pierre Jeanneret et de Le Corbusier à Chandigarh ? C’est une suite enrichie de pièces pour la plupart inédites en vente publique. Il s’agit de rendre compte de la maturité de ce marché, au moment de la sortie du livre d’Éric Touchaleaume, Le Corbusier, Pierre Jeanneret, l’aventure indienne [éd. Gourcuff Gradenigo, 2010].
Artcurial, 7, rond-point des Champs-Élysées, 75008 Paris, tél. 01 42 99 20 20, www.artcurial.com. Vente Art déco/design, les 23 et 24 novembre, « D’Arbus à Hiquily, deux collections particulières » (23 novembre), « Chandigarh Project III » (24 novembre).
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Entretien avec Fabien Naudan - directeur associé et spécialiste en design, Artcurial, Paris
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°335 du 19 novembre 2010, avec le titre suivant : Entretien avec Fabien Naudan - directeur associé et spécialiste en design, Artcurial, Paris