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Ducan Wylie, l’esprit de l’eau pour source d’inspiration

Par Henri-François Debailleux · Le Journal des Arts

Le 29 janvier 2025 - 575 mots

La galerie Backslash présente une série d’œuvres inédites autour du thème de la piscine de l’artiste franco-zimbabwéen.

Paris. Voilà une exposition qui en ces temps de frimas, de grisailles et de froid nous réchauffe vraiment – mais pas seulement ! – puisque Duncan Wylie (né en 1975 à Harare au Zimbabwe, de souche britannique) peint ici une série de piscines, sur fond de végétation luxuriante et de couleurs vives, avec une formidable énergie génératrice d’un geste pictural affirmé. Si l’image du bassin n’est arrivée qu’en 2020 dans ses tableaux, l’artiste (diplômé des Beaux-Arts de Paris en 1999) précise que « l’eau a toujours été au cœur de mon travail » comme en témoigne notamment une importante série sur les radeaux, dix ans auparavant, qui flottaient sur des glacis pour évoquer les transparences de la peinture et le phénomène de palimpseste ; et comme l’indique très clairement le titre de cette exposition « Mhondoro ye Mvura », en langue shona, qui signifie « L’esprit de l’eau ». Wylie n’hésite d’ailleurs pas à citer Chardin : « La peinture est une île dont je n’ai fait que côtoyer les bords. » Les références à l’histoire de l’art sont d’ailleurs nombreuses dans ses œuvres, à l’exemple aussi bien d’une évocation du Gilles de Watteau que d’un clin d’œil à Vermeer ou Gerhard Richter.

D’ailleurs, qui dit piscine dit David Hockney. Comment peindre un rectangle généralement bleu, parfait prétexte pour introduire de la géométrie et structurer l’espace de chaque tableau, sans penser à l’artiste pop anglais. Duncan Wylie ne s’en cache pas, revendique même la source et parodie la toile de son ainé, Portrait of an Artist (Pool with two figures) de 1972, en faisant tourner le dos au personnage debout sur le bord et en peignant celui qui nage dans le sens inverse dans une eau pour le moins agitée. L’élément liquide, métaphore de la peinture et de la façon dont Wylie la travaille – dans le flux avec une grande rapidité d’exécution – lui permet de faire remonter à la surface tout un jeu de contradictions entre la surface justement et la profondeur, le lisse et le mouvementé, l’abstraction et la figura-tion, le physique et le mental, le chaotique et le construit, la transparence et le voilé. Et aussi le plaisir et le tourment.

Car pour l’artiste, la vie n’est pas qu’un bassin tranquille entouré de luxe, de cocotiers ou de jacarandas. Il y a également des cactus et l’eau est aussi celle des sourciers. Autrement dit, une eau enfouie, une eau rare, une eau qu’il faut faire remonter, comme on le dit des souvenirs et notamment ceux de son enfance et adolescence à l’exemple de l’évocation d’un vendeur d’eau à la sauvette ou de l’architecture de la National Gallery d’Harare où sa mère était conservatrice. Autant de sujets à prendre pour eux-mêmes et comme prétextes à faire de la peinture un véritable engagement et un événement avec la couleur, la lumière, la matière et le geste qui la constituent.

Entre 15 000 et 30 000 euros, la cote est raisonnable pour un artiste reconnu qui a déjà vingt-cinq ans de carrière et de nombreuses expositions personnelles et collectives sur la scène nationale comme internationale. Surtout si on compare ces prix à ceux exagérés, malheureusement proposés quelquefois pour de très jeunes artistes tout juste sortis des Beaux-Arts. « Compte tenu du marché actuel, nous n’avons pas pratiqué d’augmentation depuis sa précédente exposition chez nous en 2022 », indique Delphine Guillaud l’une des deux fondatrices de la galerie.

DUNCAN WYLIE, MHONDORO YE MVURA, WATER DIVINER,
jusqu’au 15 février, galerie Backslash, 29, rue Notre-Dame-de-Nazareth, 75003 Paris.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°648 du 31 janvier 2025, avec le titre suivant : Ducan Wylie, l’esprit de l’eau pour source d’inspiration

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